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Page:Vingtrinier — Histoire de l’Imprimerie à Lyon, 1894.pdf/21

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dans des matrices de cuivre ; composition de l’encre siccative ; enfin (couronnement de l’édifice), invention de la presse qui résume et termine toutes les opérations ! »

Comment un homme seul a-t-il pu trouver tous ces procédés, donner un corps à ces inventions, surmonter les difficultés et réussir ?

Cela n’est pas allé tout droit et son séjour à Strasbourg, de 1424 à 1443, n’a pas suffi pour l’amener à son but !

« Oui, je vois le berceau de l’imprimerie à Strasbourg, s’écria un jour un érudit, Schaab, mais je ne vois l’enfant qu’à Mayence ! »[1]

Il fallait cependant poursuivre son idée et ne pas se décourager. Jamais on n’avait plus eu besoin d’une immense publicité.

Dans toute l’Europe, sinon dans le monde entier, les esprits étaient en ébullition.

Le vieil univers craquait, une civilisation nouvelle apparaissait ; chaque peuple faisait sa révolution, chaque cerveau son système. Tout brûlait, tout remuait, tout était en péril, tout s’agitait. Chacun voulait paraître, produire, profiter des événements et se faire une place au soleil.

Au loin, c’était Tamerlan et Bajazet ; plus près, Wiclef et Jean Hus. Qu’allait-il advenir de la chrétienté ?

En Espagne, la brillante civilisation des Arabes était attaquée par les chrétions ; la France était mutilée par les Anglais ; la moitié du territoire était à eux, et Jeanne d’Arc venait de monter sur son bûcher.

En Italie, des guerres sanglantes ruinaient les gouvernements et les populations, ce qui n’empêchait pas un souffle de

  1. Didot, p. 902.