Page:Viollet-le-Duc, Histoire d une maison, 1873.djvu/15

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bas, flanquaient les angles. Entre les deux ailes et ce logis principal s’ouvrait une cour basse, toujours humide, fermée par une vieille grille et un reste de fossé consacré à alimenter la cuisine de plantes potagères. Une troisième aile, en prolongement du vieux bâtiment aux tours, bâtie par M. de Gandelau peu après son mariage, contenait les appartements privés des propriétaires ; c’était la partie la plus gaie du château. Le salon, la salle à manger, le billard et le cabinet de monsieur, étaient installés dans le vieux corps principal. Quant aux deux ailes parallèles, elles contenaient des chambres s’ouvrant sur des couloirs irréguliers et qui, n’étant pas de plain-pied dans leur longueur, exigeaient une certaine attention si l’on prétendait circuler sans accidents.

Le lendemain matin, M. Paul, en allant s’enquérir de l’état de la santé de son poney, voit entrer dans la cour le père Branchu menant une petite charrette pleine de morceaux de bois, de sacs de plâtre et d’outils.

« Qu’allez-vous donc faire de tout cela, père Branchu ?

— Je m’en viens réparer la fuie, monsieur Paul.

— Ah ! si je vous aidais ?

— Non pas, monsieur Paul, vous saliriez vos habits ; vous pourriez vous blesser… C’est pas votre affaire… Mais pas défendu de nous regarder travailler, si c’est votre plaisir !

— Ça doit être amusant de bâtir !

— Pour un amusage, c’est pas un amusage ; mais pour une ennuyance, c’est pas non plus une ennuyance ; quand on travaille pour une bonne maïon comme la maïon votre papa, qu’on a sa payette, qu’on a une bouteille de vin quand il fait chaud, que le bourgeois ne ramone pas le monde… ça va. On fait sa jornée et on ramasse ses outils sans rancœur. Mais quand faut avoir des raisons avec des pétouillons, on s’ennuie tout de même… car faut payer le marcandier. Vous créyez bien, monsieur Paul, que ce plâ-