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[chœur]
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La cathédrale de Chartres éleva un jubé en avant de son chœur vers le milieu du XIIIe siècle ; nous ne savons aujourd’hui si, dès cette époque, elle l’entoura d’une clôture ; c’est probable. La cathédrale de Bourges éleva une clôture en pierre autour de son chœur dès la fin du XIIIe siècle. Celle de Paris commença aussi à clore son chœur vers la même époque, et cette clôture était à peine achevée, que l’évêque Mattifas de Bucy faisait construire la ceinture de larges chapelles qui enveloppe le double bas-côté de l’abside. Ces clôtures nécessitaient donc la construction de ces chapelles ?

Les clôtures modifièrent profondément les plans primitifs des cathédrales dont les chœurs n’avaient nullement été disposés pour les recevoir ; elles donnèrent aux chœurs un aspect nouveau, contraire à l’esprit qui avait dû diriger les premiers constructeurs. Ne pouvant savoir aujourd’hui quelles étaient les dispositions premières des chœurs de cathédrales, nous sommes obligés de nous en tenir à celles adoptées à la fin du XIIIe siècle ; elles sont d’ailleurs coordonnées avec ensemble, et dignes en tous points de l’objet. De tous les chœurs de cathédrales, celui sur lequel il reste le plus de renseignements précis est le chœur de la cathédrale de Paris. Nous en donnerons donc (1) une vue cavalière, accompagnée d’une description empruntée à Corrozet et à Du Breul. Après la croisée, entre les deux gros piliers des transsepts, un jubé de pierre fermait l’entrée du chœur. Sur l’arcade principale qui servait de porte était un grand crucifix ; cet ouvrage, dit Du Breul, était un chef-d’œuvre de sculpture ; à droite et à gauche, cette arcade se réunissait à la clôture en pierre peinte, de cinq mètres de haut, représentant l’histoire de Jésus-Christ, et dont il reste une grande partie. Cette clôture, du côté nord et du côté sud, servait d’appui aux dossiers des stalles qui étaient de bois sculpté et couronnées d’une suite de dais. Deux portes latérales percées dans la clôture donnaient entrée dans le chœur, auquel on arrivait du côté du cloître par la porte rouge, et du côté de l’évêché par une galerie communiquant avec le palais épiscopal. Autour du rond-point (sanctuaire), la clôture, dans sa partie supérieure, était à jour, de sorte que les scènes de la vie de Notre-Seigneur, sculptées en ronde-bosse, se voyaient du dedans du chœur aussi bien que des bas-côtés. Au-dessous de cette partie à jour, des bas-reliefs représentaient des scènes de l’Ancien Testament. Il était, de toutes manières, impossible de voir, des collatéraux, ce qui se passait dans le chœur et le sanctuaire. Des deux côtés de l’entrée du jubé donnant sur la croisée étaient deux autels, suivant l’usage. Le chœur s’élevait de quatre marches au-dessus du pavé de la nef ; à la suite des stalles venait le sanctuaire, élevé de trois marches au-dessus du chœur, et sous la clef de voûte absidale le maître autel, dont une tapisserie et une gravure[1] nous ont conservé la forme et les accessoires. Derrière le maître autel était placée, sur une large table de cuivre, portée sur quatre gros piliers de même

  1. Voyez Autel.