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habiles et faisant partie de corporations puissantes qui, elles aussi, avaient leurs types consacrés, leur méthode, et une haute opinion de leur mérite, n’étaient plus de force à diriger ou à résister, ils devaient succomber.

Nous avons donné quelques exemples d’inscriptions ostensiblement tracées sur

les édifices du XIIIe siècle et destinées à perpétuer, non sans un certain sentiment d’orgueil, le nom des architectes qui les ont élevés. Quelquefois aussi la sculpture est chargée de représenter le maître de l’œuvre. Sur les chapiteaux, dans quelques coins des portails, dans les vitraux, on rencontre l’architecte, le compas ou l’équerre en main, vêtu toujours du costume laïque, la tête nue ou coiffée souvent d’une manière de béguin fort en usage alors parmi les différents corps d’état employés dans les bâtiments. On voit sur l’un des tympans des dossiers des stalles de la cathédrale de Poitiers

qui datent du XIIIe siècle, un architecte assis devant une tablette et tenant un compas ; ce joli bas-relief a été gravé dans les Annales archéologiques. L’une des clefs de voûte du bas côté sud de l’église de Semur en Auxois représente un architecte que nous donnons ici (1).

Une des miniatures d’un manuscrit de Matthieu Paris, marqué Néron. d. 1 (bibl. Cotonienne), XIIIe siècle, représente Offa, fils de Warmund, roi des anglais orientaux, faisant bâtir la célèbre abbaye de Saint-Alban à son retour de Rome. Offa donne des ordres au maître de l’œuvre qui tient un grand compas d’appareilleur et une équerre ; des ouvriers que le maître montre du doigt sont occupés aux constructions (2). Ce grand compas fait supposer que l’architecte traçait ses épures lui-même sur l’aire ; il n’en