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l’explosion d’une poudrière en 1813. Comme à Notre-Dame de Paris, comme à Noyon, comme à Saint-Remy de Reims, le collatéral est surmonté d’une galerie voûtée ; mais à Soissons, le mur d’adossement du comble de cette galerie est décoré par un triforium, passage étroit pris dans l’épaisseur du mur, les triples fenêtres supérieures remplissent parfaitement les intervalles entre les piles, sont d’une heureuse proportion et éclairent largement le vaisseau central. Voici (31) une travée intérieure de ce rond-point.

Dans le chœur de l’église de Mantes les architectes de la fin du XIIe siècle avaient, de même qu’à Notre-Dame de Paris, élevé une galerie sur le collatéral, mais ils avaient voûté cette galerie par une suite de berceaux en tiers-point reposant sur des linteaux et des colonnes portées par les arcs-doubleaux inférieurs.

Ici les berceaux sont rampants (32), car les formerets ABC du côté intérieur ayant une base plus courte que les formerets extérieurs FDE à cause du rayonnement de l’abside, la clef E est plus élevée que la clef C et ces berceaux sont des portions de cônes. Cette disposition facilite l’introduction de la lumière à l’intérieur par de grandes roses ouvertes sous les formerets FDE. Les exemples que nous avons donnés jusqu’à présent tendent à démontrer que la préoccupation des constructeurs à cette époque dans le domaine royal était : 1o de voûter les édifices religieux ; 2o de les éclairer largement ; 3o de ne pas se laisser entraîner à leur donner trop de hauteur sous clef. L’accomplissement de ces trois conditions commande la structure des petites églises aussi bien que des grandes. Les roses, qui permettent d’ouvrir des jours larges, sont souvent percées sous les formerets des voûtes des nefs, au-dessus du comble des bas côtés, comme dans l’église d’Arcueil par exemple. Bien mieux ! dans la Champagne, où les nefs des églises des bourgs ou villages conservent des charpentes apparentes jusque vers 1220, on rencontre encore des dispositions telles que celle indiquée dans la fig. 33. Pour économiser sur la hauteur, les fenêtres de la nef sont percées au dessus des piles ; les arcs-doubleaux des bas côtés voûtés portent des chéneaux, et ces bas côtés sont couverts par une succession de combles à doubles pentes perpendiculaires à la nef, et fermés par des pignons accolés. Il est difficile de trouver une construction moins dispendieuse pour une contrée où la pierre est rare et le bois commun, prenant une moins grande hauteur proportionnellement à sa largeur, en même temps qu’elle fait pénétrer partout à l’intérieur la lumière du jour. Ce parti fut adopté dans beaucoup de petites églises de Normandie et de Bretagne, mais plus tard et avec des voûtes sur la nef centrale. Dans ce cas, les fenêtres de la nef sont forcément ouvertes au-dessus