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qui, sous le règne de Constantin, furent élevés à Rome et qui, après tout, étaient romains aussi bien que le Saint-Sépulcre ; du au on bâtit en Occident un assez grand nombre d’églises rondes. À Paris, Childebert fit bâtir l’église Saint-Vincent (aujourd’hui Saint-Germain l’Auxerrois), que l’on désignait sous le nom de Saint-Vincent le Rond[1]. À la gauche du portail de la cathédrale de Paris il existait une chapelle qui avait conservé le nom de Saint-Jean le Rond[2].

À l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon, on voit encore l’étage inférieur de la rotonde commencée au VIIe siècle derrière l’abside de l’église. Cette rotonde avait trois étages compris la crypte, avec galeries de pourtour comme le Saint-Sépulcre[3]. Charlemagne avait élevé l’église circulaire d’Aix-la-Chapelle, imitée au XIIe siècle dans l’abbaye d’Ottmarsheim. Au XIe siècle, à Neuvy-Saint-Sépulcre, près Châteauroux, on jetait les fondements d’une église reproduisant les dispositions du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Au XIIe siècle, on construisait la grande église abbatiale de Charroux, dont la nef se terminait par une immense rotonde avec bas côtés triples (voy. Saint-Sépulcre). À la même époque, au fond du Languedoc, l’église de Rieux-Minervois s’élevait sur un plan circulaire précédé d’un petit porche. Et Comme pour faire ressortir l’importance de certaines traditions, nous voyons encore en plein XVIe siècle ; Catherine de Médicis faire construire au nord de l’église abbatiale de Saint-Denis-en-France, un monument circulaire avec bas côté à deux étages, comme le Saint-Sépulcre de Jérusalem, pour abriter la sépulture de son époux et de ses successeurs. Quand l’ordre religieux et militaire du Temple fut institué, les commanderies de cet ordre prirent comme type de leurs églises ou plutôt de leurs chapelles (car ces monuments sont tous d’une petite dimension), le plan du Saint-Sépulcre de Jérusalem (voy. Temple). Mais si l’on peut considérer ces édifices circulaires comme procédant d’une influence orientale, puisque l’édifice mère qui leur servait d’original était en Orient, on ne peut toutefois les regarder comme byzantins, puisque le Saint-Sépulcre de Jérusalem est un monument de la décadence romaine. De même, si nous prenons l’église du monastère de Bethléem comme le type qui, au XIIe siècle, a fait élever les églises à transsepts terminés par des absides semi-circulaires, telles que les cathédrales de Noyon, de Soissons, de Bonn sur le Rhin, de l’église de Saint-Macaire sur la Garonne, nous ne pouvons guère non plus considérer cette influence comme orientale, puisque l’église de la Nativité de Bethléem est une basilique romaine couverte par une charpente apparente, et ne différant de Saint-Paul-hors-les-murs, par exemple, que par les deux absides ouvertes dans les deux pignons de la croisée.

Les véritables types byzantins, c’est Sainte-Sophie de Constantinople, ce sont les petites églises de Grèce et de Syrie, élevées depuis le règne de

  1. Le T. des Antiq. de Paris., par J. Du Breul. Paris, 1634; liv. III.
  2. Ibid.; liv. I.
  3. Dom Planchet, Hist. de Bourgogne, Mabillon, Annal. Benedict., t. IV, p. 132.