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le XIIe siècle et une partie du XIIIe ; son architecture religieuse était restée stationnaire alors que dans le nord elle faisait de si rapides progrès. La plupart des églises avaient été détruites pendant les guerres civiles, résultat de la lutte des hérésiarques avec le catholicisme, et il est difficile aujourd’hui de savoir, à cause de la rareté des exemples, quelle était la marche suivie par cette architecture. Parmi les monuments religieux antérieurs au XIIe siècle, nous trouvons des plans qui rappellent les dispositions de ceux du Poitou, d’autres qui ont les rapports les plus directs avec ceux de l’Auvergne, telle est par exemple la grande église de Saint-Sernin de Toulouse, la partie ancienne des cathédrales d’Auch et de Saint-Papoul ;

d’autres enfin qui sont construits dans des données qui paraissent appartenir au comté de Toulouse ; ce sont ceux-là dont nous nous occuperons particulièrement.

Nous avons vu que la plupart des édifices religieux du nord, du Poitou, de l’Auvergne et de la Bourgogne procédaient de la basilique latine. Dans une partie de l’Aquitaine et sur les bords du Rhin, par exception, des églises avaient été élevées sans collatéraux. En Provence et sur le territoire du comté de Toulouse, nous retrouvons, avant le XIIIe siècle, des traces de monuments religieux qui procédaient d’une disposition antique dont la basilique de Constantin à Rome est le type ; c’est une nef couverte par des voûtes d’arêtes, contre-butées par des contre-forts intérieurs fermés par des berceaux plein cintre (48). Les cathédrales de Marseille et de Fréjus, monuments presque antiques, ont encore conservé cette donnée. Dans le comté de Toulouse, sauf la partie ancienne de la cathédrale de Toulouse, qui date du XIIe siècle et qui est construite d’après ce système, les autres édifices antérieurs aux guerres des Albigeois n’existent plus ; mais dès le XIIIe siècle, sitôt après les désastres, nous voyons reproduire ce mode de bâtir les édifices religieux. Dans la ville basse de Carcassonne, les deux églises élevées par les habitants, sur l’ordre de saint Louis, reproduisent cette disposition de nefs sans collatéraux avec contre-forts intérieurs contre-butant la voûte principale ; seulement alors la voûte en arcs d’ogive a remplacé la voûte d’arête romaine, et les travées, beaucoup moins larges que la nef, forment comme autant de chapelles entre les contre-forts.