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Il n’est pas besoin de faire ressortir ce qu’il y avait d’habileté dans ce système, et combien l’art de l’architecture s’était développé déjà dans l’Île-de-France dès la fin du XIIe siècle ; combien l’unité d’ordonnance et de style préoccupait les artistes de cette province. Jamais, en effet, dans les monuments religieux, grands ou petits de l’Île-de-France, on ne rencontre de ces discordances, de ces soudures plus ou moins adroitement déguisées qui, dans les édifices, même des provinces voisines, dénotent l’effort de gens auxquels manque le génie créateur qui conçoit son œuvre tout d’une pièce, et l’exécute sans hésitation.

Ce beau parti, qui consistait à donner aux travées des ronds-points une largeur égale aux travées parallèles des nefs, ne fut pas suivi, malheureusement, dans les autres cathédrales du domaine royal. À Bourges (1230), le chœur de la cathédrale rappelle la belle disposition de celui de Paris (57). Mais si les voûtes sont très-adroitement combinées dans le second bas côté, les piliers de ce second collatéral n’étant pas doublés, comme à Notre-Dame de Paris, les piles intérieures ont dû être rapprochées, et par leur multiplicité et l’étroitesse des entre-colonnements, elles masquent les bas côtés et les chapelles.

À Chartres (1220), le chœur de la cathédrale (58) présente un plan qui ne fait pas grand honneur à son architecte : il y a