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vaux, elle est jointe au plan de ce monastère donné plus haut, et est intitulée villæ Outraube. En A est la porte principale de l’enceinte, traversée par un cours d’eau B ; deux granges immenses, dont l’une est à sept nefs, sont bâties en C ; l’une de ces granges a son entrée sur les dehors. Dans une enceinte particulière D sont disposés les bâtiments d’habitation des frères convers et des valets, en E sont des étables et écuries. Une autre porte s’ouvre à l’extrémité opposée à la première, en F, c’est là que loge le frère hospitalier. Ces villæ n’étaient pas toujours munies de chapelles, et ses habitants devaient se rendre aux églises des abbayes ou prieurés voisins pour entendre les offices.

Il fallait, conformément aux statuts de l’ordre, qu’une villa, qu’une grange, fussent placées à une certaine distance de l’abbaye mère pour prendre le titre d’abbaye et qu’elles pussent suffire à l’entretien de treize religieux au moins. Quand les établissements ruraux ne possédaient que des revenus trop modiques pour nourrir treize religieux, ils conservaient leur titre de villa ou de simple grange[1].

L’ordre bénédictin de Cluny possédait des établissements secondaires qui avaient des rapports avec les granges cisterciennes ; on les désignait sous le nom d’Obédiences[2]. Ces petits établissements possédaient tout ce qui constitue le monastère : un oratoire, un cloître avec ses dépendances ; puis autour d’une cour voisine, ouverte, les bâtiments destinés à l’exploitation.

C’était dans les obédiences que l’on reléguait pendant un temps plus ou moins long les moines qui avaient fait quelque faute et devaient subir une pénitence ; ils se trouvaient soumis à l’autorité d’un prieur, et condamnés aux plus durs travaux manuels, remplissant les fonctions, qui dans les grands établissements, étaient confiées aux valets. La plupart de ces domaines ruraux sont devenus depuis longtemps des fermes abandonnées aux mains laïques, car bien avant la révolution du dernier siècle les moines n’étaient plus astreints à ces pénitences corporelles ;

cependant nous en avons vu encore un certain nombre dont les bâtiments sont assez bien conservés.

Auprès d’Avallon, entre cette ville et le village de Savigny, dans un vallon fertile, perdu au milieu des bois et des prairies, on voit encore s’élever un charmant oratoire de la fin du XIIe siècle avec les restes d’un cloître et des dépendances en ruine. Nous donnons (11) le

  1. Annales cist., t. III., p. 440, et t. IV, p. 370.
  2. Du Cange, Gloss.