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PRÉFACE




L orsque nous commencions à étudier l’architecture du moyen âge (il y a de cela vingt-cinq ans), il n’existait pas d’ouvrages qui pussent nous montrer la voie à suivre. Il nous souvient qu’alors un grand nombre de maîtres en architecture admettaient à peine l’existence de ces monuments qui couvrent le sol de l’Europe et de la France surtout. À peine permettait-on l’étude de quelques édifices de la renaissance française et italienne ; quant à ceux qui avaient été construits depuis le bas-empire jusqu’au xve siècle, on n’en parlait guère que pour les citer comme des produits de l’ignorance et de la barbarie. Si nous nous sentions pris d’une sorte d’admiration mystérieuse pour nos églises et nos forteresses françaises du moyen âge, nous n’osions avouer un penchant qui nous semblait une sorte de dépravation du goût, d’inclination peu avouable. Et cependant par instinct nous étions attiré vers ces grands monuments dont les trésors nous paraissaient réservés pour ceux qui voudraient se vouer à leur recherche.

Après un séjour de deux ans en Italie nous fûmes plus vivement frappé encore de l’aspect de nos édifices français, de la sagesse et de la science qui ont présidé à leur exécution, de l’unité, de