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difficile à renverser. Mais ces moyens étaient dispendieux ; ils supposaient toujours d’ailleurs des murailles formant un escarpement assez considérable au-dessus du niveau de la contrescarpe du fossé. On abandonnait difficilement les commandements élevés, car à cette époque encore, l’escalade était fréquemment tentée par des troupes assiégeantes, et les attaques de places fortes en font souvent mention. Outre les moyens indiqués ci-dessus, soit pour mettre les murailles en état de résister au canon, soit pour présenter un nouvel obstacle à l’assaillant lorsqu’il était parvenu à les renverser, on remparait les places, c’est-à-dire, que l’on établissait en dehors des fossés au sommet de la contrescarpe, ou même comme garde du mur pour amortir le boulet, ou en dedans, à une certaine distance, des remparts de bois et de terre, les premiers formant un chemin couvert ou un revêtement de la muraille et les seconds un boulevard derrière lesquels on plaçait de l’artillerie, 1o pour gêner les approches et empêcher de brusquer l’attaque, ou préserver le mur contre les effets du canon, 2o pour arrêter l’assiégeant lorsque la brèche était praticable. Les premiers remplaçaient les anciennes lices, et les seconds obligeaient l’assiégeant à faire un nouveau siége lorsque la muraille d’enceinte était renversée. Les remparts amortissaient le boulet et résistaient plus longtemps que les murailles en maçonnerie, ils étaient plus capables de recevoir et de garantir des pièces en batterie que les anciens chemins de ronde terrassés. On les construisait de diverses manières ; les plus forts étaient établis au moyen d’un revêtement extérieur composé de pièces de bois verticales reliées par des croix de Saint-André, afin d’empêcher l’ouvrage de se disloquer lorsque les boulets en brisaient quelques parties. Derrière ce parement de charpente on enlaçait des fascines de menu bois comme un ouvrage de vannerie, puis on élevait un terrassement composé de clayonnage et de couches de terres alternées ; quelquefois le rempart était formé de deux rangs de forts pieux plantés verticalement reliés avec des branches flexibles et des entre-toises appelées clefs posées horizontalement (60) ;

l’intervalle était rempli de terre grasse bien pilonnée, purgée de cailloux et mélangée de brins de menu bois. Ou bien, c’étaient des troncs d’arbres couchés horizontalement, reliés entre eux par des entre-toises entaillées à mi-bois, les intervalles remplis comme il