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croisés, en réservant des batteries casematées en C, quelquefois même à deux étages, et garanties des feux de l’assiégeant par les orillons, pour pouvoir prendre une colonne d’assaut en flanc et presque en revers, lorsque celle-ci s’élançait sur la brèche. Dans la figure que nous donnons ici (72 bis), où se trouve représentée cette action, on reconnaîtra l’utilité des flancs masqués par des orillons: une des faces du bastion A a été détruite pour permettre l’établissement de la batterie de brèche en B ; mais les pièces qui garnissent le flanc couvert de ce bastion restent encore intactes et peuvent jeter un grand désordre parmi les troupes envoyées à l’assaut, au moment du passage du fossé, si au sommet de la brèche la colonne d’attaque est arrêtée par un rempart intérieur C élevé en arrière de la courtine, d’une épaule de bastion à l’autre, et si ce rempart est flanqué de pièces d’artillerie. Nous avons figuré également le bastion remparé à la gorge, les assiégés prévoyant qu’ils ne pourront le défendre longtemps.

Au lieu de remparer les gorges des bastions à la hâte, et souvent avec des moyens insuffisants, on prit le parti dès la fin du XVIe siècle, dans certains cas, de les remparer d’une manière permanente (72 bis′)[1], ou d’isoler les bas-

  1. Delle fortif. di Giov. Scala, al christ°. re di Francia di Navarra, Henrico IV. Roma, 1596. La figure reproduite ici est intitulée «Piatta forma fortissima difesa et