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apôtres se plaçaient aussi sur les devants d’autels, sur les retables en pierre, en bois ou en métal. Sur les piliers des cloîtres, comme à Saint-Trophyme d’Arles, autour des chapiteaux de l’époque romane, sur les jubés, en gravure ; dans les bordures des tombes, pendant les XIVe, XVe et XVIe siècles (3).

À la cathédrale de Paris, comme à Chartres, comme à Amiens, les douze apôtres se trouvent rangés dans les ébrasements des portes principales, des deux côtés du Christ homme, qui occupe le trumeau du centre ; plus anciennement, dans les bas-reliefs des XIe et XIIe siècles, comme à Vézelay, ils sont assis dans le tympan, de chaque côté du Christ triomphant. À Vézelay, ils sont au nombre de dix seulement, disposés en deux groupes ; des rayons partent des mains du Christ, et se dirigent vers les têtes nimbées des dix apôtres ; la plupart d’entre eux tiennent des livres ouverts (4).

Au portail royal de Chartres, le tympan de gauche représente l’Ascension ; les apôtres sont assis sur le linteau inférieur, tous ayant la tête tournée vers Notre-Seigneur, enlevé sur des nuées ; quatre anges descendent du ciel vers les apôtres et occupent le deuxième linteau. Dans toutes les sculptures ou peintures du XIe au XVIe siècle, les apôtres sont toujours nu-pieds, quelle que soit d’ailleurs la richesse de leurs costumes ; ils ne sont représentés coiffés que vers la fin du XVe siècle. L’exemple que nous avons donné plus haut, tiré du portail méridional d’Amiens (XIIIe siècle), et dans lequel on remarque un de ces apôtres, saint Jacques, la tête couverte d’un chapeau, est peut-être unique. Quant au costume, il se compose invariablement de la robe longue ou tunique non fendue à manches, de la ceinture, et du manteau rond, avec ou sans agrafes. Ce n’est guère qu’à la fin du XVe siècle que la tradition du costume se perd, et que l’on voit des apôtres couverts parfois de vêtements dont les formes rappellent ceux des docteurs de cette époque.

APPAREIL, s. m. C’est le nom que l’on donne à l’assemblage des pierres de taille qui sont employées dans la construction d’un édifice.

L’appareil varie suivant la nature des matériaux, suivant leur place ; l’appareil a donc une grande importance dans la construction, c’est lui qui souvent commande la forme que l’on donne à telle ou telle partie de l’architecture, puisqu’il n’est que le judicieux emploi de la matière mise en œuvre, en raison de sa nature physique, de sa résistance, de sa contexture, de ses dimensions et des ressources dont on dispose. Cependant chaque mode d’architecture a adopté un appareil qui lui appartient, en se soumettant toutefois à