Aller au contenu

Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 1.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[arc]
— 80 —

principe pendant les premières années du XVIe siècle. Ces arcs ont produit et subi de graves désordres par suite de leur disposition vicieuse. Les contre-forts extérieurs ont tassé ; il s’est déclaré des ruptures et des écrasements aux points A des arcs, les sommiers B ayant empêché le glissement qui aurait pu avoir lieu sans de grands inconvénients. Les arcs rompus aux points A ne contre-buttent plus les voûtes, qui poussent et écrasent, par le déversement des murs, les aqueducs supérieurs ; en même temps ces arcs, déformés, chargés par ces aqueducs qui subissent la pression des voûtes, agissent puissamment sur les sommiers B, et, poussant dès lors les piliers vers l’intérieur à la naissance des voûtes, augmentent encore les causes d’écartement. Pour nous expliquer en peu de mots, lorsque des arcs-boutants sont construits d’après ce système, la poussée des voûtes qui agit de C en D charge l’arc A verticalement, en augmentant la pression des pieds-droits de l’aqueduc. Cette charge verticale, se reportant sur une construction élastique, pousse de A en B. Or, plus la poussée de A en B est puissante, et plus la poussée des voûtes agit en C par le renversement de la ligne DC. Donc les sommiers placés à la tête des arcs-boutants en B sont contraires au principe même de l’arc-boutant.

Les porches nord et sud de l’église Saint-Urbain de Troyes peuvent donner une idée bien exacte de la fonction que remplissent les arcs-boutants dans les édifices de la période ogivale. Ces porches sont comme la dissection d’une petite église du XIVe siècle. Des voûtes légères, portées sur des colonnes minces et longues, sont contre-buttées par des arcs qui viennent se reposer sur des contre-forts complètement indépendants du monument ; pas de murs : des colonnes, des voûtes, des contre-forts isolés, et les arcs-boutants placés suivant la résultante des poussées. Il n’entre dans toute cette construction, assez importante cependant, qu’un volume très-restreint de matériaux posés avec autant d’art que d’économie (70).

A indique le plan de ce porche, B la vue de l’un de ses arcs-boutants d’angle. Comme dans toutes les bonnes constructions de cette époque, l’arc-boutant ne fait que s’appuyer contre la colonne, juste au point de la poussée, étayant le sommier qui reçoit les arcs-doubleaux,