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ainsi que l’indique la fig. 6[1], et allongèrent leurs flancs ; d’autres, au contraire, étendirent leurs faces pour protéger un front.


Albert Durer, dans son Art de fortifier les villes et citadelles[2], adopte un système de bastions qui mérite d’être étudié avec soin ; cet artiste, peintre et architecte, ne fut pas seulement un ingénieux théoricien, il présida à la construction d’une partie des défenses de la ville de Nuremberg ; et ces défenses sont, pour l’époque où elles furent élevées, un travail très-remarquable. On doit même supposer que son système eut une grande vogue dans une partie de l’Allemagne et de la Suisse au commencement du XVIe siècle, car on trouve encore dans ces contrées des restes nombreux de défenses qui rappellent les principes développés par Albert Durer dans son œuvre, et nous citerons entre autres la forteresse de Schaffhausen (voy. Boulevard). Pour renforcer et flanquer un front, Albert Durer construit de larges et hauts bastions avec batterie casematée au niveau du fond des fossés, et batterie découverte au sommet. Ces bastions présentent un énorme cube de maçonnerie ; il les isole des remparts ou les y réunit à la gorge. Le plan de son bastion est un arc de cercle ayant pour base un parallélogramme. Nous figurons (7) ce plan au niveau du fond du fossé ; du terre plein A au niveau du sol de la ville, il communique à la batterie casematée B par un ou deux escaliers C. Les deux escaliers D communiquent du terre-plein A, à la batterie supérieure et aux batteries inférieures. La fig. 8 donne le plan du bastion sous le sol de la batterie supérieure, et la fig. 9 le plan de cette batterie. La construction se compose de murs concentriques éperonnés et reliés par des murs rayonnants ou parallèles dans la partie rectangle du bastion, de manière à former un grillage terrassé présentant une grande

  1. Angle Est de la ville de Huy, sur la Meuse. Introd. à la fortif., par de Fer. 1722, Paris.
  2. Alberti Dureri, pict. et archit. præstantissimi de urb. arcib. castellisque condendis, etc., nunc recens è lingua germanica in latinam traductæ Parisiis, 1535.