quant à la tactique, ne pouvaient s’appliquer à l’art des sièges en face de l’artillerie à feu, et les combinaisons plus ou moins ingénieuses de machines de guerre que quelques savants s’amusaient à mettre sur le papier, restèrent dans les livres ; ils ne pouvaient avoir et n’eurent aucun résultat pratique ; nous n’en parlerons donc pas[1].
BÉNITIER, s. m. Benoistier. Petite cuve dans laquelle on laisse séjourner l’eau bénite pour l’usage des fidèles, à l’entrée ou à la sortie des églises. Il y a deux sortes de bénitiers : les bénitiers portatifs et les bénitiers fixes. Nous ne nous occuperons que de ces derniers, les premiers faisant partie des ustensiles à l’usage du culte. Il nous serait difficile de dire à quelle époque les bénitiers fixes furent posés à la porte des églises. Nous connaissons quelques bénitiers informes qui paraissent avoir été très-anciennement scellés dans les piédroits des portes d’églises d’une date reculée ; mais il nous paraît difficile de dire si ces bénitiers appartiennent à l’époque de la construction de ces édifices, ou s’ils ont été placés après coup. Ces bénitiers, en tant qu’ils soient primitifs, ne sont guère que de très-petites cuves en pierre et en forme d’une demi-sphère. Nous serions tenté de croire (bien que nous ne puissions appuyer notre opinion sur aucune preuve certaine) que, dans les églises antérieures au XIIe siècle, le bénitier était un vase de métal que l’on plaçait près de l’entrée des églises lorsque les portes étaient ouvertes. Cette conjecture n’est basée que sur l’absence de toute disposition indiquant la place de cet accessoire. Sous le porche des églises primitives de l’ordre de Cluny, il y avait presque toujours une table de pierre d’une dimension médiocre posée près de la porte. Cette table était-elle destinée à recevoir un bénitier portatif ? C’est ce que nous n’oserions affirmer. Était-elle, comme semblent le croire quelques auteurs, entre autres Mabillon, un autel ? L’absence de monuments existant aujourd’hui nous laisse à cet égard dans le doute.
Une gravure donnée par Dom. Plancher[2], dans son Histoire de Bourgogne, et représentant le porche de l’église abbatiale de Moutier-Saint-Jean, montre un bénitier fort important placé devant le trumeau de la porte centrale. La façade de cette église avait été élevée vers 1130, et le bénitier semble appartenir à la même époque ; autant qu’on peut en juger par la gravure, fort grossièrement exécutée, ce bénitier paraît être en bronze et posé immédiatement sous les pieds de la statue de la Vierge qui fait partie du trumeau. Nous donnons ici (1) une copie de ce bénitier avec son entourage[3]. Il était porté sur une colonne dont l’excessive maigreur nous fait supposer qu’elle était en métal.
- ↑ Voy. entre autres Roberti Valturii de re militari, lib. XII ; 1493. Édit. de 1534 ; Paris, pet. in-fo latin, avec de nombreuses planches en bois, donnant les plus étranges inventions de machines pour attaquer et prendre les places fortes.
- ↑ Hist. génér. et partic. de Bourgogne. Dijon, 1739 ; t. I, p. 517.
- ↑ Nous nous sommes permis, tout en conservant aussi fidèlement que possible les