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l’église de Saint-Denis, quelques-uns de ces carrelages du XIIe siècle dont la composition est si originale. Nous donnons ici (4) l’un des plus beaux ; l’exactitude de ces croquis nous est confirmée par la découverte de carreaux qui, quoique dérangés, coïncident parfaitement avec l’ensemble que nous reproduisons. Dans ce dernier carrelage, beaucoup de morceaux de terre cuite simulent un marbre vert jaspé[1]. Évidemment, les artistes du XIIe siècle, imbus des traditions antiques, cherchaient à rendre l’effet des mosaïques romaines des bas-temps, dont ils possédaient encore de nombreux exemples ; n’ayant pas de marbres à leur disposition, ils les imitaient au moyen de l’émail dont ils revêtaient leurs carreaux.

Nous avons encore trouvé en Allemagne des combinaisons de carreaux de terre cuite de couleur formant des dessins variés par leur silhouette et leur assemblage. Ces carreaux datent des premières années du XIIIe siècle ; il ne faut pas oublier que les arts de l’Allemagne étaient alors en retard d’une cinquantaine d’années sur les arts de la France. Nous pensons qu’il est utile de présenter ici quelques-uns de ces exemples qui, d’ailleurs, appartiennent bien nettement au style du XIIe siècle, et cela d’autant mieux que ces carreaux proviennent des environs de Dresde, et que ces contrées recevaient alors tous leurs arts de l’Occident. Ces fragments (fig. 5 et 5 bis) sont aujourd’hui déposés dans le musée du Grand Jardin, à Dresde, et appartiennent au cloître de Tzelle, situé à vingt-quatre kilomètres de cette ville. Les figures A et B font voir comment ces carreaux sont fabriqués et comment ils s’assemblent ; ils sont noirs et rouges ; les petites pièces C sont seules bordées d’un filet blanc. On remarquera que, dans tous les

  1. Ces morceaux sont rendus dans la gravure par un travail irrégulier.