Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 2.djvu/508

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[cha]
— 505 —

deux nerfs qui servent de tige au crochet d’angle, en s’enroulant sur eux-mêmes.

Pour tout artiste de goût, c’est là, quelle que soit l’école à laquelle il appartienne, une œuvre digne de servir d’exemple, autant par la manière dont elle est composée que par son exécution, à la fois sobre, fine et monumentale.

La révolution qui s’opère dans la forme et les détails des chapiteaux, vers la fin du XIIe siècle, arrive promptement, dans le domaine royal et les provinces environnantes, à son entier développement, comme nous le verrons tout à l’heure ; elle se fait moins rapidement en Bourgogne. L’influence romane persiste plus longtemps. Dans les provinces de l’Est, sur les bords du Rhin et de la Moselle, le chapiteau roman se décore de détails plus délicats, mais conserve sa forme primitive. Le chapiteau roman rhénan est bien connu ; c’est une portion de sphère posée sur l’astragale et pénétrée par un cube.

La fig. 22 nous dispensera de plus longues explications au sujet de cette forme singulière que l’on rencontre dans presque toute l’Allemagne, et dont on trouve la trace dans certains édifices du Xe siècle, du nord-est de l’Italie et en Lombardie. Ces chapiteaux ont leurs faces plates décorées souvent, soit par des peintures, soit par des ornements déliés, découpés, peu saillants, comme une sorte de gravure.

Au XIIe siècle, lorsque tous les profils de l’architecture prirent plus de finesse, la forme cubique de ces chapiteaux dut paraître grossière ; on divisa donc les gros chapiteaux en quatre portions de sphères se pénétrant et pénétrées ensemble par un cube, ainsi que l’indique la fig. 23 ; puis on orna chacune de ces parties qui formaient comme un groupe de quatre chapiteaux réunis.

La nef de l’église de Rosheim près Strasbourg, qui date du XIIe siècle,