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voisis et du Soissonnais. Toutefois, la hardiesse de leurs constructions, leur parfaite exécution, l’élévation des flèches, eurent évidemment une influence sur l’école française proprement dite, et cette influence se fait sentir dans le vieux clocher de la cathédrale de Chartres. Celui-ci, comme tous les clochers romans, monte de fond, c’est-à-dire qu’il porte sur quatre murs pleins. Originairement, il flanquait, ainsi que la tour voisine, qui ne fut achevée qu’au XVe siècle, un porche, et précédait le collatéral sud de la nef ; il était ainsi détaché de l’église sur trois côtés[1].

Voici (58) le plan du vieux clocher de la cathédrale de Chartres, au niveau du rez-de-chaussée. En A est une grande salle voûtée qui autrefois s’ouvrait sur le porche B, et qui aujourd’hui s’ouvre sur la première travée

  1. Au commencement du XIIIe siècle, ce porche fut supprimé et le pignon de la nef avancé au ras du parement occidental et des tours, ce qui leur fit perdre leur aspect primitif (voy. Cathédrale). Ce fut très-probablement à la suite de l’incendie de 1194 que ce pignon fut reconstruit dans cette nouvelle position. Du monument commencé par Fulbert et achevé vers le milieu du XIIe siècle, il ne resta debout, après cet incendie, que les deux clochers de la façade occidentale. Le porche bas, recouvert d’une terrasse qui les réunissait, fut supprimé, et la nouvelle nef du XIIIe siècle avancée jusqu’au parement extérieur des deux clochers. Pintard, dans son Histoire chronologique de la ville de Chartres, dit, p. 193 : « En l’année 1145, les deux grands clochers furent bâtis hors œuvre au bout de la nef, suivant la pensée de quelques-uns qui se persuadent que la clôture de la nef et la façade de l’église n’ont été apportées jusqu’à la ligne du devant des clochers que depuis ce temps-là, quoiqu’il n’en paraisse aucun vestige sensible. » Pintard est dans l’erreur, les vestiges de l’ancienne disposition de porche sont parfaitement apparents, et l’opinion