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[cloître]
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Et mult lor en va à l’encontre,
Et dist : « Je croi miex vous en fust,
Se ce ç’on a mis en ce fust
Por fere entaillier ces ymages
Fust mis en preu ; c’or est domages
Qui a l’amor de Dieu el cuer
Les ymages qu’il voit defuer,
Si ne li font ne froit ne chaut.
Endroit de moi il ne m’en chaut,
Et bien sachiez, ce me conforte,
Que chascun crestiens, là, porte
Les ymages el cuer dedenz.
Les lèvres muevre ne les denz
Ne font pas la religion,
Mès la bone compontion[1]. »

Un huguenot n’aurait pas parlé autrement au XVIe siècle.

Afin de meubler la nudité des murs intérieurs des galeries des cloîtres entre les culs-de-lampe portant les voûtes, on les décorait de peintures et même quelquefois de bas-reliefs et d’arcatures. Le cloître de la cathédrale de Toul, commencé vers 1240 et terminé à la fin du XIIIe siècle, nous donne une jolie décoration de ce genre, consistant en une suite d’arcatures trilobées, sous chacune desquelles était sculpté un petit bas-relief porté sur une sorte de tablette ornée peu saillante.

Nous donnons (31) l’une des travées intérieures de ce cloître[2]. À l’extérieur, le cloître de la cathédrale de Toul présente une disposition analogue à celle des cloîtres de Noyon et de Soissons, si ce n’est que les formerets des voûtes ne pénètrent pas à travers l’épaisseur du mur, et que les archivoltes des claires-voies sont bandées en dedans de ces formerets. Il reste ainsi, de chaque côté des contre-forts, une portion de trumeau. Cette disposition est moins franche que celle des cloîtres présentés ci-dessus. D’ailleurs la galerie n’était point vitrée. À Toul, les chéneaux du cloître sont disposés d’une façon particulière ; ils consistent, au-dessus de la corniche, en une assise de pierre taillée suivant les pentes correspondant à l’écoulement des eaux, lequel a lieu par les gargouilles percées au milieu de chaque tête de contre-fort (32).

Jusque vers le milieu du XIIIe siècle, les combles des cloîtres égouttent, sauf de très-rares exceptions, leurs eaux directement sur le préau sans chéneaux ; la présence des chéneaux est un perfectionnement qui depuis fut introduit dans la construction des cloîtres. Dans les localités où l’eau de source manquait, on profita des combles des cloîtres et

  1. Œuvres comp. de Rutebeuf, recueillies par A. Jubinal. Paris, 1839. La Vie de sainte Elysabel, t. II, p. 216.
  2. Il ne reste plus que des traces des bas-reliefs qui, à la fin du dernier siècle, ont été brisés. M. Bœswilwald a bien voulu nous fournir les dessins de ce cloître.