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[développements]
[construction]
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rieur présente des dispositions légères, élégantes. Ce monument était et est encore bâti dans un quartier populeux, entouré de rues étroites ; l’architecte a pensé qu’il devait tout sacrifier à l’effet intérieur. On reconnaît d’ailleurs qu’il a dû être limité dans ses dépenses, éviter les frais inutiles. Il ne prodigue pas les matériaux, il n’a pas voulu poser une pierre de trop. L’abside donc, intérieurement (76), se compose d’un soubassement plein A, épais, construit en assises et décoré d’une arcature indépendante, en placage. De ce soubassement partent déjà les colonnettes B, qui montent jusqu’aux naissances des arcs de la grande voûte. Ces colonnettes sont posées en délit de la base à la tablette C, qui les relie par une bague à la construction extérieure. Sur ce soubassement est un passage ou galerie de service destinée à faciliter l’entretien des verrières D et à tendre l’église, s’il est besoin, les jours de fêtes. Les piles E sont isolées ; elles se composent de quatre colonnes en délit, de la base aux chapiteaux, une grosse (0,37 c. de diamètre) et trois grêles (0,12 et 0,15 c. de diamètre). En A′, nous donnons la section de ces piles. La grosse colonne et les deux latérales sont chacune d’une seule pièce jusqu’à l’assise F des chapiteaux, tandis que la colonnette montant de fond est d’un seul morceau jusqu’à la tablette G. Cette tablette G forme plafond sur la galerie basse et relie la grande arcature avec les parements extérieurs. Dans la hauteur de la galerie du deuxième étage (triforium), même disposition des piles, même section A′ ; seulement une colonnette intermédiaire H portant une arcature composée elle-même de grands morceaux de pierre minces, comme des dalles posées de champ. Au-dessus du triforium, un second dallage I sert de plafond à ce triforium et relie l’arcature à la construction extérieure ; puis naissent les arcs de la grande voûte contre-buttés par les contre-forts extérieurs. Les fenêtres hautes s’ouvrent alors au-dessus de l’arcature du triforium, et ne sont plus en renfoncement comme au-dessous, afin de donner tout le jour possible et de laisser à l’extérieur le passage dont nous avons parlé plus haut. Ainsi la poussée des arcs se reporte obliquement sur les contre-forts extérieurs, lesquels sont bâtis en assises, et les piles intérieures ne sont que des points d’appui rigides, incompressibles, puisqu’ils sont composés de grandes pierres en délit, mais qui, par leur faible assiette, ne présentent qu’un quillage pouvant au besoin s’incliner d’un côté ou de l’autre, en dehors ou en dedans, sans danger, s’il survient un tassement. Quant aux murs K, ce ne sont, comme nous l’avons dit, que des cloisons de 0,20 c. au plus d’épaisseur. Dépouillons maintenant cette construction de tout ce qui n’est qu’accessoire, prenons son squelette, voici ce que nous trouverons (77) : A un contre-fort bâti, masse passive ; B quille grêle, mais rigide, résistante comme de la fonte de fer, grâce à la qualité du calcaire employé ; C assises au droit des arcs, et par conséquent flexibilité au besoin ; D liaison du dedans avec le dehors ; E seconde quille, mais plus courte que celle du bas, car le monument s’élève et les mouvements qui se produiraient auraient plus de gravité ; F seconde assise de liaison du