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seulement ils imitèrent ces formes en pierre. Les plus anciens corbeaux affectent toujours la forme d’un bout de poutre ou de solive, orné par des profils ou de la sculpture : tels sont les corbeaux que l’on voit dans la nef de l’église de Saint-Menoux près Moulins (IXe ou Xe siècle), et qui supportent une tablette recevant dans l’origine un plafond en charpente (2).


Au-dessous de cette corniche, entre les archivoltes des collatéraux et à l’aplomb des colonnes, on voit aussi des corbeaux sculptés en forme de têtes humaines (3), et qui étaient destinés probablement à recevoir le pied des liens soulageant les entraits de la charpente.


Les imagiers des Xe, XIe et XIIe siècles, paraissent avoir pris les corbeaux de pierre comme un des motifs les plus propres à recevoir de la sculpture. Ils les décorent de figures d’hommes et d’animaux, de têtes, de sujets symboliques, tels que les vices et les vertus, les signes du zodiaque, les travaux de l’année ; ils s’évertuent à les varier. C’est surtout en Auvergne, dans le Berri, le Poitou, le Bourbonnais et le long de la Garonne, que l’on trouve, sur les édifices de l’époque romane, une quantité prodigieuse de corbeaux d’une exécution remarquable, à dater de la fin du XIe siècle. Ces corbeaux sont presque toujours destinés à porter les tablettes des corniches ou bandeaux.

Bien que les voûtes aient été très-anciennement adoptées dans les édifices de l’Auvergne, cependant la tradition des couvertures en charpente