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Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 4.djvu/36

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[principes]
[construction]
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voûtes latérales qui forment une buttée continue enserrant les grandes voûtes. Les travées étant barlongues et les formerets ayant leur naissance au même niveau que les arcs doubleaux C, la clef de ces formerets A est à un niveau inférieur aux clefs de ces arcs doubleaux ; les grandes voûtes, par suite de cette disposition, sont très-relevées, leurs arêtes saillantes peu senties. En D′, nous avons figuré le détail des sommiers des arcs au niveau D de la pile, et en G le plan avec le départ des arcs et arêtes des voûtes. Cette construction de voûtes ne ressemble en rien à la construction romaine ; déjà le principe d’indépendance entre les diverses parties de la bâtisse est admis et développé.

Cependant les voûtes du porche de Vézelay, sauf deux, sont dépourvues d’arêtiers ou d’arcs ogives saillants ; elles ne tiennent que par l’adhérence des mortiers et forment chacune une concavité homogène, concrète, comme les voûtes romaines. Les deux seules voûtes de ce porche possédant des arêtiers pourraient s’en passer : ceux-ci ne sont qu’une décoration et ne portent réellement pas les remplissages en moellons. Mais c’était là une tentative qui eut bientôt des conséquences importantes. Les constructeurs avaient obtenu déjà, au moyen des arcs doubleaux et des formerets indépendants et résistants pour chaque voûte, une sorte de châssis élastique sur lequel, s’il survenait des tassements, ces voûtes pouvaient se mouvoir indépendamment les unes des autres. Ils voulurent aller plus loin : ils voulurent que les triangles concaves de ces voûtes fussent eux-mêmes indépendants les uns des autres ; et pour ce faire, ils composèrent les voûtes de deux éléments bien distincts : les arcs et les remplissages ; les arcs considérés comme des cintres permanents, élastiques, et les remplissages comme des concavités neutres destinées à fermer les triangles vides laissés entre ces arcs. Ils commencèrent par éviter une première difficulté qui jusqu’alors avait toujours gêné les architectes ; ils revinrent à la voûte sur plan carré, comprenant deux travées barlongues, si la nécessité l’exigeait. C’est-à-dire qu’ils tracèrent leurs voûtes en projection horizontale, ainsi que l’indique la fig. 20.

Soit ABCD un carré parfait ou à peu près, peu importe, comprenant deux travées de nefs AE BF, EC FD ; ce sont les diagonales AD BC qui engendrent la voûte ; ces deux diagonales sont les diamètres de deux demi-cercles parfaits, rabattus sur le plan ; ces deux demi-cercles étant de même diamètre se rencontrent nécessairement au point G, qui est la maîtresse clef. Prenant une longueur