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[crypte]
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bas au sol de la crypte[1]. En D se trouvait la chapelle de saint-Jean-Baptiste, construite au VIe siècle, si l’on en croit D. Planchet[2]. Toute la crypte, la rotonde et la chapelle sont voûtées en moellons, excepté la partie milieu G, qui restait à jour. Cette disposition connue, on comprend comment les processions de pèlerins devaient circuler autour du tombeau du saint, autour de la rotonde, remonter soit par les escaliers des deux tours rondes, soit par l’un des deux escaliers primitivement ouverts en A. Cette crypte circulaire, dans le centre non voûté, laissait voir deux étages de galeries terminées par une coupole qui devait produire un fort bel effet. Avant la reconstruction du chœur, au XIIIe siècle, dont les fondations se voient en E, I, I, il est à croire que l’étendue de l’étage souterrain était plus grande encore et se prolongeait sous le chœur roman et les transsepts. On peut donc considérer la crypte de Saint-Bénigne de Dijon comme la plus vaste des cryptes connues. Ce monument si remarquable fut vendu pour le prix des matériaux, à la fin du dernier siècle, par la commune de Dijon (voy. Saint-Sépulcre ). Les entrepreneurs jugèrent que les pierres de la crypte ne valaient pas les peines qu’il faudrait prendre pour les enlever, et cette crypte nous est restée à peu près entière. Aujourd’hui les Dijonnais, devant ces vénérables débris qui sortent des décombres, accusent leurs pères de vandalisme.

Cette disposition des cryptes dont les déambulatoires se trouvaient au delà du lieu réservé au corps saint n’était pas la seule. Dans beaucoup de cryptes de petite dimension, le corps saint occupait une sorte de niche ou d’absidiole construite ou creusée à l’extrémité orientale ; alors les fidèles, en descendant les escaliers, se trouvaient en face du corps saint comme devant un autel placé au fond d’une chapelle. La crypte de Saint-Seurin de Bordeaux, qui date du XIe siècle, est construite d’après ce principe.


Voici (6) son plan et (7) une vue perspective de l’intérieur ; le

  1. Les restes de ce tombeau sont encore visibles aujourd’hui.
  2. Les soubassements de cette chapelle n’étant pas découverts, nous ne pouvons assigner une époque précise à sa construction.