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Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 4.djvu/79

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[construction]
[voûtes]
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trapèze. Il a posé à l’entrée des chapelles des colonnes E qui lui ont permis de tracer une voûte EFG sur un parallélogramme. Dès lors, l’arc doubleau EH est semblable, comme hauteur et ouverture, à l’arc doubleau FI, et la ligne de clef IH des remplissages triangulaires n’est point inclinée, comme à Langres, de l’extérieur à l’intérieur. De E en K, un second arc doubleau réunit la colonne E à la pile K, et il reste un triangle KEF facile à voûter, puisqu’il n’est qu’une portion de remplissage ordinaire. La méthode est la même à Saint-Remy de Reims, mais beaucoup moins bien appliquée. On voit que ces plans supérieurs posent exactement sur le rez-de-chaussée, si ce n’est quelque porte-à-faux dont tout à l’heure nous reconnaîtrons la nécessité.

Il est, dans la construction du chœur de Notre-Dame de Châlons, un fait important, en ce qu’il indique les efforts tentés par le maître de l’œuvre pour s’affranchir de certaines difficultés qui embarrassaient fort ses confrères à la fin du XIIe siècle. On observera que le plan du sanctuaire donne des pans coupés à l’intérieur et une courbe demi-circulaire à l’extérieur. Ainsi les archivoltes inférieures L réunissant les grosses colonnes du rez-de-chaussée sont bandées sur les côtés d’un dodécagone, tandis que les archivoltes de la galerie du premier étage sont sur plan rectiligne sur le sanctuaire, et sur plan courbe sur la galerie ; le mur extérieur de cette galerie est bâti également sur plan semi-circulaire, et le triforium (plan C) est sur plan rectiligne à l’intérieur, sur plan courbe à l’extérieur. Il en est de même des fenêtres supérieures (plan D). L’architecte avait voulu éviter les embarras que donne la construction d’archivoltes ou d’arcs doubleaux sur un plan demi-circulaire d’un assez faible rayon. Il craignait les poussées au vide, et, conservant seulement le plan circulaire à l’extérieur en l’amenant au dodécagone à l’intérieur, il réunissait assez habilement les avantages des deux systèmes : c’est-à-dire les grandes lignes de murs et bandeaux concentriques, une disposition simple au dehors et une grande solidité jointe à un effet satisfaisant dans le sanctuaire ; car les arcs percés dans un mur sur plan circulaire d’un petit diamètre produisent toujours à l’œil des ligne fort désagréables.

Une vue perspective (42) du collatéral avec l’entrée d’une chapelle rendra le plan du rez-de-chaussée facile à comprendre pour tous, et en indique la construction. Les colonnes isolées des chapelles sont des monolithes de 0,30  c. de diamètre au plus ; le reste de la construction, sauf les colonnettes des arêtiers des chapelles et celles des fenêtres, est monté par assises.

Nous donnons maintenant (43) la coupe de cette construction jusqu’aux voûtes suivant la ligne MN du plan. Cette coupe nous fait voir en A, conformément à la méthode alors appliquée dans l’Île-de-France et les provinces voisines, les colonnes monocylindriques marquées en O sur le plan ; en B l’archivolte et l’arrachement des voûtes du bas-côté. Les églises importantes de cette époque et de cette province possèdent toutes