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[construction]
[voûtes]
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ogive : c’est le niveau du lit du dernier sommier. Il s’agit de diviser la hauteur PQ en un certain nombre d’assises, suivant la hauteur des bancs. Supposons que trois assises suffisent : le lit supérieur du premier sommier sera en R, du second en S et du troisième en T. En Q, l’arc se dégageant, nous pouvons tracer la première coupe QV tendant au centre de l’arc. À partir de ce point, les claveaux, dont la coupe est tracée en U, sont indépendants. Il suffira de procéder de la même manière pour l’arc ogive, en traçant les lits R′S′T′ à partir de la ligne de base AC, distants entre eux comme le sont les lits RST. L’arc ogive étant moins épais que l’arc doubleau, il restera derrière son extrados, en Q′, jusqu’à la rencontre avec l’extrados de l’arc doubleau, une petite surface de lit horizontal qui nous sera fort utile pour commencer à poser les moellons de remplissage des triangles des voûtes. Ceci fait, nous pouvons donner à l’appareilleur chacun des lits de ces sommiers, en reportant sur plan horizontal, comme nous l’avons tracé en X, les coupes que nous donnent sur les arcs rabattus les lits RST, R′S′T′. Alors nous obtenons : 1o en a le lit inférieur du premier sommier, déjà tracé comme souche des arcs ; 2o en b le lit supérieur du premier sommier qui fait le lit inférieur du second ; 3o en c le lit inférieur du troisième sommier ; 4o en e le lit supérieur de ce troisième sommier avec ses coupes inclinées marquées en d. Il n’est pas besoin de dire que ces sommiers portent, sinon tous, au moins les deux premiers, queue dans le mur dont le nu est en YZ. Voudrions-nous serrer plus encore les arcs ogives contre l’arc doubleau : il suffirait, en commençant l’opération, de rapprocher, sur plan horizontal, les lignes d’axe des arcs ogives du point A. Souvent même, ces lignes d’axe se rencontrent au point A. Pour ne point compliquer inutilement la figure, nous avons supposé des arcs simplement épannelés ; sont-ils chargés de moulures, qu’on ne procède pas autrement sur l’épure, mais en traçant les profils, car il est nécessaire de connaître, sur les divers lits horizontaux des sommiers, les coupes biaises qui sont faites sur ces profils, afin de donner au tailleur de pierre des panneaux qui tiennent compte de la déformation plus ou moins sensible des moulures à chaque lit.

Pour faire comprendre, même aux personnes qui ne sont pas familières avec la géométrie descriptive, l’opération que nous venons de tracer, nous supposons (48 ter) les trois sommiers de la figure précédente, vus les uns au-dessus des autres en perspective et moulurés. En A, on voit le premier sommier, en B le second, en C le troisième avec ses coupes normales aux courbes des arcs, en D les claveaux des arcs doubleaux, en D′ ceux des arcs ogives affranchis des sommiers, et dès lors semblables entre eux jusqu’à la clef.

Il arrive cependant que les arcs d’une voûte sont de diamètres très-inégaux ou que leurs naissances sont à des hauteurs différentes : cela ne peut en rien gêner l’appareilleur ; du moment qu’un des arcs se dégage des autres à l’extrados, il porte une coupe normale à sa courbe et les claveaux se posent, tandis qu’à côté de lui d’autres arcs peuvent rester