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maniables que les précédents et permettant de pointer dans l’étendue d’un certain arc de cercle. Ces affûts-caisses triangulaires étaient fixés au sommet du triangle au moyen d’un pivot et se manœuvraient à l’aide de deux roulettes engagées aux extrémités des branches latérales. Mais on allait renoncer à ces bombardes d’un énorme diamètre propres seulement à lancer des boulets de pierre : on adoptait les boulets de fer, on brûlait une quantité de poudre moins considérable, et les bouches à feu n’atteignaient plus ces proportions colossales qui en rendaient le transport difficile.

À la fin du XVe siècle et au commencement du XVIe, on fondit des canons de bronze d’une dimension et d’une beauté remarquables. Il existe, dans l’arsenal de Bâle, un de ces grands canons de 4m,50 c. de longueur, couvert d’ornements et terminé par une tête de dragon ; il fut fondu à Strasbourg en 1514.

Fleurange, dans ses Mémoires, chap. VII, dit qu’en 1509 les Vénitiens, à la bataille d’Aignadel, perdue contre les Français, possédaient « soixante grosses pièces, entre lesquelles il y en avoit une manière plus longue que longues couleuvrines, lesquelles se nomment basilics, et tirent boulets de canon ; et avoit dessus toutes un lion, ou avoit écrit, à l’entour du dit lion, Marco. »

Vers cette époque, on se servait déjà de mortiers propres à lancer de gros boulets de pierre ou des bedaines remplies de matières inflammables. Un tableau peint par Feselen (Melchior), mort en 1538, et faisant partie aujourd’hui de la collection déposée dans la Pinacothèque de Munich (no 30), représentant le siège d’Alesia par Jules-César, nous montre un gros mortier monté sur affût dans lequel un artilleur dépose un projectile sphérique (28). Les deux roues ont été enlevées et gisent à terre des deux côtés de l’affût. Le mortier paraît ainsi reposer sur le sol, et on lui donnait l’angle convenable à l’aide de

    d’autres seigneurs « alèrent visiter l’artillerie, et une bombarde nommée la Bergère, qui moult bien faisoit la besongne ; et se tenoyent pavesés et couverts du mantel de celle bombarde… » Mém. d’Olivier de la Marche, ch. XXVII. « Et avoient (les Gantois) bannières, charrois, pavois, couleuvrines et artillerie (bataille de Berselle). » Chron. de J. De Lalain. «… et allèrent (les Gantois) tout droit devant la ville de Hulst, menants grant nombre de charrois, artillerie, tant de canons, couleuvrines, pavois et autres choses appartenants à ladicte artillerie (siège de Hulst)… » Ibid.