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ment entaillées dans le noyau cylindrique, ce qui affaiblit beaucoup celui-ci.


Ces sortes d’escaliers ne dépassent guère 1m,00 c. d’emmarchement, et souvent sont-ils moins larges, les cages cylindriques n’ayant que six pieds, ou 1m,90 c. environ, dont déduisant le noyau, qui dans ces sortes d’escaliers a au moins un pied de diamètre, reste pour les marches 0,80 c. au plus. On reconnut bientôt que les voûtes rampantes pouvaient être supprimées ; lorsqu’au commencement du XIIIe siècle on exploita les pierres en plus grands morceaux qu’on ne l’avait fait jusqu’alors, on trouva plus simple de faire porter à chaque marche un morceau du noyau, de les faire mordre quelque peu l’une sur l’autre, et de leur ménager une portée entaillée de quelques centimètres le long du parement cylindrique de la cage. Ce procédé évitait les cintres, les couchis, une main-d’œuvre assez longue sur le tas ; il avait encore l’avantage de relier le noyau avec la cage par toutes ces marches qui formaient autant d’étrésillons. Ces marches pouvant être taillées à l’avance, sur un même tracé, un escalier était posé très-rapidement. Or, il ne faut pas perdre de vue que parmi tant d’innovations introduites dans l’art de bâtir par les architectes laïques de la fin du XIIe siècle, la nécessité d’arriver promptement à un résultat, de bâtir vite en un mot, était un des besoins les plus manifestes.

La fig. 9 donne le plan et la coupe[1] d’un de ces escaliers. La porte extérieure est en A, la première marche en B. Les recouvrements sont indiqués par lignes ponctuées, et le détail C présente une des marches en perspective, avec le recouvrement ponctué de la marche suivante. Quelquefois, pour faciliter l’échappement, les marches sont chanfreinées par-dessous ainsi qu’on le voit en D. Les dimensions de ces escaliers varient ; il en est dont les emmarchements n’ont que 0,50 c. ; les plus grands n’ont pas plus de 2m,00, ce qui exigeait des pierres très-longues ; aussi, pour faire les marches du grand escalier du Louvre, Charles V avait-il été obligé d’acheter d’anciennes tombes à l’église des

  1. La coupe est faite suivant a b, en pourtournant le noyau pour faire voir le recouvrement des marches.