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[faitière]
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et les grandes faîtières de recouvrement en vert[1]. On remarquera les trous qui traversent de part en part le vase à double panse de la sous-faîtière ; ces trous, qui sont à peine visibles à la hauteur où est placée cette crête, n’ont d’autre but que de produire des sifflements sous l’action du vent, ce qui probablement plaisait fort aux voisins de l’église. Nous avons souvent trouvé sur les couronnements des édifices, et particulièrement des combles, la trace de ces singulières fantaisies musicales. On n’attachait pas, pendant le moyen âge, à certains phénomènes naturels, les idées romanesques qui nous ont été suggérées par la littérature moderne ; le sifflement du vent à travers les créneaux et les découpures des édifices, qui fait naître dans notre esprit de sinistres pensées, était peut-être pour les oreilles de nos pères une harmonie réjouissante. Quoi qu’il en soit, l’idée de couronner le comble d’un édifice par une centaine de sifflets est passablement originale.

Pour éviter les difficultés que présentait encore la cuisson des pièces A de la figure précédente, on imagina de former ces pièces élevées de poteries posées les unes sur les autres en recouvrement, comme nous voyons qu’on le faisait aussi pour les épis en terre cuite (voy. Épi).

Voici (8) un faîtage ainsi combiné[2]. La sous-faîtière porte une sorte de goulot B (voir le profil B′), sur lequel vient s’emboutir le chapeau C en forme de tourelle percée de quatre trous. Les sous-faîtières sont vernies en noir-verdâtre ainsi que les faîtières, les chapeaux sont couverts d’un vernis jaune, le petit toit est noir. Il y a lieu de croire que tous les combles en tuiles étaient autrefois couronnés par ces faîtières découpées ; on n’en trouve aujourd’hui qu’un bien petit nombre en place ; mais grâce à la négligence bien connue des couvreurs qui ne prennent pas la peine de

  1. Des fragments de ces faîtières recueillies par M. Lefort, inspecteur diocésain de Sens, sont déposés dans le bureau de l’agence des travaux.
  2. Fragments trouvés sur les voûtes de l’église de Semur en Auxois, qui paraissent dater du XVe siècle.