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tracé AA de la fig. 17, on voit comme s’arrangent les chevronnages divisant la noue en deux et laissant passer les quatre poteaux portant les statues.

Ce système de poteaux verticaux traversant les demi-fermes diagonales et faisant décoration au-dessus des noues (système qui avait été adopté par les constructeurs du XIIIe siècle) présente plusieurs avantages : il fait de ces demi-fermes de véritables pans-de-bois parfaitement rigides ; il constitue une suite de poinçons qui roidissent les contre-fiches, les maintiennent dans leur plan vertical sans charger en aucune façon l’entrait. Il présente aussi une décoration ingénieuse en ce qu’elle explique, à l’extérieur, comment la flèche vient s’appuyer sur les quatre piliers de la croisée, aussi parce qu’elle établit une transition entre la maçonnerie de l’église et le corps de la flèche, parce qu’elle lui sert de base, d’arc-boutant, pour ainsi dire. On voit, en V (fig. 18), comment sont décorés ces gradins des grandes contre-fiches au-dessus des noues. Il est facile de comprendre maintenant comment sont soutenus les quatre angles de l’octogone qui portent sur les diagonales ; pour les quatre angles tombant sur les faîtages des combles, voici quel a été le système adopté. En BB (fig. 17) sont élevées de fortes fermes, reposant sur les bahuts et les quatre piles du transsept ; sur le milieu des entraits de ces fermes reposent les pièces horizontales LM puissamment soulagées en C par les pièces inclinées BC. C’est au-dessus de ce point C que portent les triples poteaux formant les quatre autres angles de l’octogone ; le point M ne porte que le pied des contre-fiches qui sont destinées à maintenir les poteaux dans leur plan.

La fig. 19 présente l’une de ces fermes BB, qui sert en même temps de ferme de comble. En A, on voit l’extrémité de la pièce horizontale tracée en LM dans la fig. 17 ; en A′, cette extrémité est vue en coupe sur ab. Il n’est pas besoin d’explication pour faire sentir que cette extrémité A ne peut fléchir. En B′, nous avons donné le détail des assemblages B, et en C′ celui de la croix de Saint-André C, avec le poinçon.

Maintenant, examinons ce système de souche en perspective (20). En A, on voit les grands entraits triples des fermes diagonales ; en B, la disposition des liens formant fermes inclinées, roidissant la base de la souche et venant porter en C quatre des angles de l’octogone ; en D, apparaissent les fragments de l’entrait de la ferme donnée dans la figure précédente, avec le pan-de-bois qui maintient les poteaux d’angles reposant en C, E étant le poinçon de cette ferme. Des contre-fiches F viennent soulager les poteaux C et reporter leur charge sur les quatre points résistants principaux A ; ces contre-fiches ont encore l’avantage d’arrêter le roulement de tout le système. Au-dessus, des croix de Saint-André G, doubles, reportent encore, la charge des poteaux C sur les points d’appui diagonaux. Les pièces I et F remplissent avec avantage les grandes pièces inclinées de l’ancienne charpente que nous avons décrite plus haut. Ce système est d’ailleurs triplé dans la charpente actuelle, nous le voyons reproduit en KL et en KM ; de sorte que si une pression extraordi-