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mentation n’exigeaient pas une pondération rigoureuse des deux bords, comme dans les parties milieux.


La fig. 36, qui nous montre comme ces sculpteurs ont interprété la feuille du figuier, ne donne deux bords absolument pondérés que sur le membre central de la feuille ; quant aux six autres membres, ils sont galbés suivant le principe naturel. Leur imitation de la flore est donc parfaitement intelligente ; l’artiste sait faire les sacrifices nécessaires ; d’une plante, il produit une œuvre d’art qui lui appartient, bien qu’elle conserve et fasse ressortir même les caractères distinctifs, les qualités, les allures de l’objet naturel. La feuille sculptée que nous donnons ici a une physionomie beaucoup plus caractérisée que la feuille de l’arbre. Elle est (au point de vue de l’art sinon de la science) plus feuille de figuier que n’est la véritable.

Il est rare que les sculpteurs du XIIIe siècle prennent pour modèles des feuilles aussi grandes d’échelle que celle-ci ; habituellement, ainsi que nous l’avons dit plus haut, ils vont chercher leurs inspirations dans les végétaux les plus petits, parce qu’ils possèdent des formes plus simples, des contours plus énergiques, un modelé plus puissant. On a pu voir,