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de figures ou de compartiments géométriques ; elles sont taillées dans de la pierre ou du marbre, coulées en bronze ou en plomb. Leurs couvercles se composent de châssis de bois, de lames de métal, ou sont richement ornés en forme de cônes ou de dais, et ne peuvent être enlevés alors qu’au moyen de potences ou de petites grues à demeure. Il n’est pas besoin de dire que les fonts baptismaux en bronze, antérieurs à la fin du dernier siècle, ont été fondus en France ; on en voit encore quelques-uns en Italie, en Allemagne et en Belgique[1]. Les fonts de la cathédrale de Hildesheim sont particulièrement remarquables. La cuve, dit M. de Caumont[2] auquel nous empruntons cette description, « repose sur quatre personnages ayant chacun un genou en terre et tenant une urne dont l’eau se répand sur le pavé : ce sont les figures emblématiques des quatre fleuves du Paradis ; et sur le cercle qui porte sur leurs épaules, on lit l’inscription suivante, expliquant le rapport symbolique de chacun de ces fleuves avec la prudence, la tempérance, le courage et la justice :


temperiem. geon. terre. designat. hiatvs.
est. velox. tigris. qvo. fortis. significatvr.
frvgifer. evfrates. est. jvstitia. qve. notatvs.
osmvtans. prison. est. prvdenti. similatvs. »


La cuve est couverte de quatre bas-reliefs représentant le passage du Jourdain par les Israélites sous la conduite de Josué, le passage de la mer Rouge, le baptême de Jésus-Christ, la Vierge et l’enfant Jésus, devant lesquels est l’évêque donateur Wilherms. Au-dessus des quatre fleuves sont huit médaillons représentant la Prudence et Isaïe, la Tempérance et Jérémie, le Courage et Daniel, la Justice et Ézéchiel. Au-dessus se voient les signes des évangélistes. Le couvercle conique est également décoré de bas-reliefs. Ces fonts, de la seconde moitié du XIIIe siècle, sont peut-être les plus beaux qui existent et les mieux composés par le choix des sujets accompagnés d’inscriptions. Nous citerons aussi les fonts en bronze de l’église de Saint-Sébald à Nuremberg, qui datent de la fin du XVe siècle. Autour du pied sont posés les quatre évangélistes, ronde-bosse, et autour de la cuve les douze apôtres en bas-relief dans une arcature d’un travail délicat.

À défaut de ces monuments précieux par le travail et la matière, nous ne trouvons plus en France que des fonts de peu de valeur. L’église de Berneuil (arrondissement de Doullens) contient des fonts qui présentent un certain intérêt. La cuve est en plomb et date du XIIe siècle (6) ; autour sont disposées seize niches alternativement garnies de figures en demi-

  1. Voy. l’Architecture et les arts qui en dépendent, t. IV. M. Gailhabaud.
  2. Bulletin monum., t, XX, p. 299.