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Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 6.djvu/290

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[maison]
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sous la chapelle située au premier étage. F est une cour avec entrée O dans l’une des salles antiques des thermes. M est également une salle antique dans laquelle probablement étaient disposées les écuries. La galerie L communiquait autrefois à des latrines. Le mur sur la rue est crénelé et était muni d’un chemin de ronde en bois porté sur des corbeaux détruits aujourd’hui et remplacés par des potences en fer. Un petit escalier S permet de descendre de la salle I dans le préau couvert K et de monter directement à la chapelle. Le jardin G, de 17 mètres de largeur sur 35 mètres de longueur environ, était bordé par des propriétés particulières. L’escalier principal F est terminé par une plate-forme à laquelle on arrive par un petit escalier à vis partant de l’étage sous comble. L’hôtel de Cluny, comme celui de La Trémoille, possède des caves, un rez-de-chaussée, un premier étage et un étage sous comble mansardé. Les constructions sont assez bien conservées. Les planchers anciens, formés de poutres recevant un solivage, sont encore apparents, et plusieurs des cheminées datent de la construction primitive. Bien que l’architecture des logis n’ait pas l’élégante délicatesse de l’hôtel de La Trémoille, cependant elle ne manque ni de grâce ni de style. Les fenêtres sont heureusement percées, les escaliers très-habilement disposés et la chapelle est un petit chef-d’œuvre. Elle possède une absidiole portée en encorbellement sur la pile extérieure du préau couvert. Comme ce préau, elle est voûtée, et ses quatre voûtes en arcs d’ogives portent sur une colonne centrale[1]. La figure 39 donne la vue cavalière de cet hôtel, prise du côté de l’entrée.

Il existe encore à Paris un hôtel de la fin du XVe siècle : c’est l’hôtel de Sens, qui servait de résidence aux archevêques de Sens lorsqu’ils séjournaient à Paris[2]. Cet hôtel est situé au carrefour formé par la rencontre des rues de l’Hôtel-de-Ville, du Figuier, de l’Étoile, des Barrés et du Fauconnier. Il fut élevé par l’archevêque Tristan de Salazar, de 1475 à 1519. Les mutilations nombreuses qu’il a subies lui ont enlevé presque entièrement son caractère.

On voit encore de jolis hôtels de la Renaissance et du commencement du XVIIe siècle dans quelques villes de province. L’hôtel de Pincé, à Angers, est un charmant édifice du XVIe siècle ; celui de Vauxluisant, à Troyes, qui date des premières années du XVIIe siècle, est remarquable par son plan et les heureuses silhouettes de ses bâtiments. À Toulouse, il reste encore bon nombre d’hôtels du XVIe siècle. L’œuvre de Ducerceau (Les maisons des villes) présente de nombreux exemples de bons plans et de bâtiments d’un goût excellent.

Si les maisons, pendant le XVIIe siècle, ne furent plus guère que des logis banals, dans lesquels il est difficile de trouver la trace d’un art, il

  1. Voir, pour les détails de cet hôtel, la Statistique monumentale de Paris, publiée par M. A. Lenoir, sous la direction du ministère de l’instruction publique.
  2. L’évêché de Paris fut, jusqu’au XVIIe siècle, suffragant de l’archevêché de Sens.