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[maison]
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la tuile, dès les temps anciens, remplace la lourde couverture en pierre. Parfois les escaliers extérieurs sont coquettement disposés, le palier garni de beaux garde-corps en pierre ; les solives des plafonds débordent à l’extérieur, forment auvent et s’assemblent dans les chevrons (41)[1]. Ces habitations de la campagne bourguignonne sont souvent parementées avec soin, et affectent certaines formes architectoniques.

Les maisons de paysans encore bien conservées, dans le village de Rougemont, entre Montbar et Aisy, en fournissent la preuve. Ces maisons, qui datent la plupart du commencement du XIIIe siècle, présentent leur pignon sur la route, sont bâties avec un soin remarquable (42) et possèdent presque toutes un étage au-dessus du rez-de-chaussée ; mais il faut dire que ce village dépendait d’une riche abbaye. C’est, en effet, dans le voisinage des établissements religieux que les maisons des campagnards sont le mieux construites, jusques au XIVe siècle, et ces maisons sont habituellement élevées en maçonnerie. Suenon[2] dit que les terrains destinés aux habitations des paysans autour des établissements agricoles des religieux étaient divisés en parties égales. « Nous croyons, dit M. L. Delisle[3], que ce précepte a été souvent suivi dans notre province (en Normandie), où, depuis longtemps, le mot boels a

  1. Entre Dijon et Saint-Seine.
  2. Leges Scaniæ, I. IV. c. j, cité dans le Gloss. de du Cange, au mot Boel.
  3. Études sur la condition de la classe agric. en Normandie au moyen âge, p. 396. Évreux, 1851.