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manuscrits considérés comme saxons en Angleterre, et conservés en assez grand nombre au British Museum, présentent dans leurs vignettes des spécimens d’habitations qui rappellent aussi les constructions navales.

En Norvège et en Islande, il existe encore quelques-unes de ces bâtisses en charpente d’une époque assez récente (XVIe siècle), mais qui reproduisent exactement les formes et les procédés d’un art beaucoup plus ancien. Dans ces habitations, comme sur les broderies de la tapisserie de Bayeux, on remarque, par exemple, ces poinçons richement décorés qui terminent les deux extrémités du faîtage et qui sont reliés au-dessus du comble par une pièce de bois découpée en manière de crête. On voyait encore dans les campagnes de l’Eure, il n’y a pas longtemps, des restes affaiblis de cette tradition exprimés clairement dans notre figure 43. Ces maisons normandes des XIe et XIIe siècles ne contenaient qu’une salle assez élevée, éclairée de tous côtés, couverte par une charpente grossièrement lambrissée. Le foyer était placé vers le milieu de la pièce, et la fumée s’échappait par un tuyau de bois passant à travers la couverture en bardeaux épais.

Dans les provinces du Centre, comme l’Auvergne, le Vélay et la partie septentrionale de l’ancienne Aquitaine, il semblerait que les traditions celtiques s’étaient conservées très-avant dans le moyen âge. Les maisons des habitants des campagnes étaient en partie creusées sous terre et recouvertes d’une sorte de tumulus formé de terre et de pierres amoncelées