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des transsepts, des chapelles latérales et des clôtures de chœur, pendant la fin du XIIIe siècle et le commencement du XIVe ; la destruction, par conséquent, des grandes nefs primitives des églises épiscopales de la première période gothique, est un des faits les plus intéressants de notre histoire, en ce qu’il indique le mouvement communal appuyé par les évêques au XIIe siècle, parce qu’ils espéraient en profiter pour assurer leur pouvoir, et la réaction cléricale contre ce mouvement, dès que la puissance royale s’établit solidement et que l’épiscopat dut renoncer à soumettre la société française à une sorte de théocratie.

NICHE, s. f. Retraite peu profonde réservée sur le nu d’un mur, d’une pile ou d’un contre-fort, pour placer une statue. Les niches sont peu communes dans l’architecture du moyen âge ; on n’en voit point dans les édifices de l’époque romane, et elles n’apparaissent que vers le commencement du XIIIe siècle. Nous ne pouvons donner le nom de niches à des arcatures remplies de figures en ronde-bosse, comme celles qui garnissent, par exemple, les façades des églises de Notre-Dame la Grande à Poitiers ou de la cathédrale d’Angoulême.

Les architectes du moyen âge n’avaient pas songé à ménager sur le nu d’un mur un enfoncement, que rien ne motivait d’ailleurs, pour y loger une statue. Le goût et le sens dont ils étaient doués ne leur permettaient pas d’employer ces moyens décoratifs, qui ne peuvent guère se comparer en architecture qu’aux chevilles placées par certains poëtes dans leurs vers. Les architectes romains de l’Empire usaient et abusaient même de la niche, mais le système de leur construction s’y prêtait. Afin d’alléger les énormes massifs de maçonnerie de la structure romaine, et pour économiser les matériaux, on pratiquait des niches en pleine maçonnerie qui n’étaient, après tout, que des évidements avec arcs de décharge. La section horizontale de ces niches était ou un demi-cercle ou un enfoncement rectangulaire, et, dans ces sortes d’alvéoles, on plaçait des statues. Mais dans l’architecture du moyen âge les pleins n’ayant que la section nécessaire à leur fonction, il n’y avait pas lieu de les alléger par des vides. Les niches n’apparaissent donc qu’aux sommets des contre-forts, c’est-à-dire là où la construction n’ayant plus rien à porter, il est bon de lui donner une apparence légère. On voit de véritables niches pratiquées à la tête des contre-forts de la nef de Notre-Dame de Chartres. On en voit aussi qui forment le couronnement de quelques-uns des contre-forts de la nef de la cathédrale de Rouen (commencement du XIIIe siècle) (1). Quelquefois, mais plus rarement, des niches sont placées sur des contre-forts au droit des portails et pour relier les grandes imageries des ébrasements. Mais ces niches ne sont pas prises aux dépens de la masse, elles forment comme un encadrement saillant autour d’une statue. L’un des plus beaux exemples de ces sortes de niches se voit sur la façade de la cathédrale de Paris, à la hauteur des naissances des voussures des trois portails. Les contre-forts se retraitant au-dessus de ces naissances, l’archi-