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[ogive]
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IK se trouvât au niveau de la clef des arcs ogives. On a donc relevé en p le centre des branches de cet arc doubleau rabattu sur notre figure. La projection verticale de l’arc doubleau 2−7 du sanctuaire est exactement celle des arcs doubleaux BD, FG. Mais comme les branches d’ogives rayonnantes du sanctuaire doivent aboutir à la clef E de cet arc doubleau 2−7, ces branches sont excentriques, ne sont pas les rayons du cercle dont le centre est C ; donc la branche 3E est plus courte que la branche 4E. Il a donc fallu un tracé particulier à chacune de ces deux branches. Ces tracés sont rabattus sur notre figure ; les clefs l et m de ces branches atteignent, bien-entendu, le niveau de la clef E de l’arc doubleau 2−7.

De tout ceci il résulte que les arcs ogives BG, FD, F6, G3, et les branches 4E, 5E sont bien réellement des côtes de coupoles entre lesquelles on a percé des formerets et des arcs doubleaux affectant la courbe aiguë. Les architectes n’osaient même encore s’affranchir de la configuration concave de la coupole, bien que le système admis l’eût permis, car ils avaient le soin de tenir les clefs des arcs doubleaux et des formerets plus basses que celles des arcs diagonaux, afin de conserver à la structure cette forme de calotte qui leur semblait nécessaire à la solidité.

Le principe de la coupole considérée comme génératrice des voûtes en arcs d’ogives nous paraît trop important pour que nous n’insistions pas. Ainsi (7), soit une voûte absidale en quart de sphère, et dont le plan est ponctué en aa, voûte appelée cul-de-four et si fréquemment employée par les Romains et pendant la période romane. Supposons que nous divisions ce cul-de-four en cinq parts (voir le plan A), que réservant seulement des côtes cbd, nous enlevions, entre ces côtes, les triangles edb, ebb, etc. ; nous aurons la figure perspective tracée en B. Il est clair que nous pouvons voûter les triangles vides, soit au moyen d’un formeret plein-cintre c, soit au moyen d’un formeret aigu D dont la clef E est en contre-bas de la clef F, soit au moyen d’un formeret aigu dont la clef G est au niveau de celle F. Ce que nous indiquons ici dans une seule figure, il a fallu quelques années pour le faire. Les hautes voûtes de l’abside de l’église abbatiale de Vézelay sont faites conformément au figuré C ; elles datent de 1190 environ. Celles de la cathédrale de Paris sont faites d’après le tracé D (1180). Celles des églises du commencement du XIIIe siècle, conformément au tracé G[1]. Comme l’arc ogive (plein-cintre) bd est plus long que l’arc doubleau cd, lorsqu’on a voulu avoir les clefs de ces arcs doubleaux au niveau de celles des arcs ogives, il a fallu prendre la forme aiguë pour les premiers, ainsi qu’on le voit en H. Il est évident que sur ces côtes conservées de la coupole, on n’a pas immédiatement osé faire porter tout le poids des voûtains. Les architectes, en laissant les clefs des formerets à

  1. La Bourgogne est de quelques années en retard sur l’Île de France, et les voûtes du chœur de Vézelay correspondent comme facture à celles (anciennes) de la cathédrale de Noyon, qui date du milieu du XIIe siècle.