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qui s’étendent sous la plaine de Montrouge jusqu’à Bagneux et Arcueil.

La façade est entièrement construite en roche et en haut banc pour les parements, en liais tendre pour les grandes sculptures (banc qui avait jusqu’à 0m,10 de hauteur) et en cliquart pour les larmiers, chéneaux, colonnettes (banc de 0m,45 de hauteur au plus). Le liais tendre des carrières Saint-Jacques se comporte bien en délit, aussi est-ce avec ces pierres qu’ont été faites les arcatures à jour de la grande galerie sous les tours. Les cliquarts ont donné des matériaux incomparables pour la rose et pour les grandes colonnettes de la galerie, ainsi que pour tous les larmiers des terrasses. Parmi ces matériaux, on rencontre aussi dans les parements et pour les couronnements des contre-forts des tours l’ancien banc royal de Bagneux, qui porte 0m,70, et le gros banc de Montrouge, qui porte 0m,65 : ces dernières pierres se sont admirablement conservées. Dans les fondations, nous avons reconnu l’emploi des lambourdes de la plaine, et surtout de la lambourde dite ferme, qui porte jusqu’à 1 mètre ; quelquefois, mais rarement, du banc vert.

Les grosses colonnes intérieures de la nef, qui ont 1m,30 de diamètre, sont élevées par assises du banc de roche basse de Bagneux ou de Saint-Jacques, qui porte franc 0m,50 en moyenne. Mais les deux piliers à sections rectilignes qui terminent la nef sur le transsept, lesquels piliers ont une section relativement faible, vu le poids qu’ils ont à porter, sont entièrement élevés en belles assises de cliquart de Montrouge, lequel porte 0m,40 franc de bousin. Les arcs-doubleaux, archivoltes et arcs ogives des voûtes sont généralement en banc franc ou en banc blanc de Montrouge, qui porte de 0m,30 à 0m,35. Ainsi les constructeurs ont employé la pierre, toujours en conservant la hauteur du banc de carrière, se contentant de la purger complètement du bousin ou des délits marneux, mais sans faire de levées à la scie à grès[1]. De plus, ils posaient ces matériaux sur leur lit de carrière, lorsqu’ils ne prenaient pas le parti de les poser franchement en délit comme étai (voy. Construction), mettant en dessous le lit de dessous. Cette précaution est surtout observée dans les assises en fondation.

Les constructeurs romans, ainsi que nous l’avons dit, cherchaient surtout les pierres douces, les lambourdes, les vergelés, les bancs francs. Le chœur de Maurice de Sully, sauf les piliers et les colonnettes, est entièrement construit en matériaux d’une dureté médiocre, bas et petits. Mais dès le commencement du XIIIe siècle, la nouvelle école laïque cherche au contraire les matériaux très-fermes et grands. C’est alors que dans la construction de la cathédrale de Chartres on emploie ce calcaire de Berchère, d’un aspect si rude, mais si solide, et qui donne des bancs de 1 mètre de hauteur sur des longueurs de 3 à 4 mètres ; qu’à la cathédrale de Reims on pose ces assises de 1m,20 de hauteur en pierre introu-

  1. Alors la scie à grès n’était pas employée, et il est bon nombre de départements, en France, où on ne l’emploie pas encore. Ce sont ceux (il faut le dire) où l’on bâtit le mieux.