Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 7.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[porte]
— 352 —

Il est facile de voir que le châtelet était ouvert à la gorge et commandé par l’avant-porte, de même que cette avant-porte était commandée par la tour carrée couronnant la dernière entrée. Cet ouvrage était donc déjà construit suivant cette règle de fortification, que ce qui défend doit être défendu.

La coupe longitudinale faite sur la porte A du plan et l’avant-porte (fig. 29) fait saisir les détails de cette défense. En B, est le pont-levis abaissé ; en C, la porte qui conduit par un degré pris dans l’épaisseur de la muraille au crénelage de l’avant-porte ; en D, la coulisse de la herse ; en G, le mâchicoulis qui protège les vantaux H ; en I, le passage couvert par un plancher. La herse se manœuvrait du palier K, auquel on montait par un escalier L posé sur la saillie du mur inférieur ; car il faut noter que le mur supérieur M est beaucoup moins épais que le mur du rez-de-chaussée. Cet escalier L servait d’ailleurs à dégager l’escalier marqué I sur le plan général, et qui aboutissait en retour à côté de l’arcade plein cintre portant le jeu de la herse. Du palier K, en prenant un escalier de bois, on montait à l’étage supérieur sous la couverture, et l’on entrait sur le chemin de ronde du crénelage par la porte P ménagée dans un tambour de pierre posé à l’angle du crénelage. Chacune des portes des remparts d’Avignon était munie d’une cloche, afin de pouvoir prévenir les défenseurs ou les habitants en cas d’attaque ou de surprise. Si nous faisons une section transversale sur la ligne ab de la figure 29 et du plan général, en regardant l’entrée de l’avant-porte, nous obtenons le tracé S. Le pont-levis étant relevé, son tablier fermait l’issue T, et ses bras, passant à travers les deux rainures V, ainsi qu’il est marqué en V′ sur la coupe longitudinale, ne gênaient nullement la défense. Le créneau milieu, ses deux meurtrières, restaient libres, et les deux échauguettes latérales J flanquaient la porte. De la salle du premier étage de la tour on passait sur les chemins de ronde des courtines par les portes N. Du côté de la ville, un simple pan de bois Y percé de baies fermait les étages supérieurs de la tour.

La figure 30 donne, en A, la face de l’ouvrage avec l’avant-porte, et en B, la face de la tour, en faisant une section sur l’ouvrage avancé.

La porte Saint-Lazare d’Avignon est remarquable déjà par la simplicité des constructions. Ici on ne voit plus cette accumulation d’obstacles dont la disposition compliquée devait souvent embarrasser les défenseurs. Les portes d’Avignon ne sont pas, il est vrai, très-fortes, mais elles ont bien le caractère qui convient à l’enceinte d’une grande ville. La porte Saint-Lazare, avec son boulevard ou barbacane extérieure, protégeait efficacement un corps de troupes voulant tenter une sortie ou étant obligé de battre en retraite. On pouvait, sur l’esplanade du boulevard, masser facilement cinq cents hommes, protéger leur sortie au moyen des flanquements que fournissaient les tours ; et eussent-ils été repoussés, ils trouvaient dans cette enceinte un refuge assuré, sans que le désordre d’une retraite précipitée pût compromettre la défense principale,