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membres supplémentaires, les boudins nervés, donnent du roide au claveau et s’opposent à sa déviation. Bien que larges, les cavets laissent de fortes attaches aux boudins, et ceux-ci prennent une apparence à la fois plus légère et plus ferme par l’adjonction des nerfs saillants très-prononcés. Le tracé A, après toutes nos définitions précédentes, n’a pas besoin d’être décrit.

C’est toujours par des sections de lignes à 60º, 45º et 30º que les centres sont obtenus. On voudra bien jeter les yeux sur le tracé B d’un boudin inférieur et sur la manière de trouver les centres des contre-courbes du nerf, les lignes ef étant à 60º. Mais les boudins inférieurs, d’un diamètre plus fort que les autres, présentent latéralement des surfaces molles en regard des autres boudins nervés d’un diamètre plus faible. Alors on prétend aussi nerver latéralement ces gros boudins inférieurs (voy. en C) ; on leur donne ainsi plus de résistance, et on les fait paraître plus détachés et plus légers ; cependant la courbe originaire se voit encore en ij, comme pour ne pas laisser périr le principe de tracé. Ces nerfs latéraux donnent une apparence trop prismatique à ces boudins inférieurs : on y renonce promptement, et on relève le nerf latéral sur un axe à 30º (voy. l’exemple D en k). Alors la forme génératrice du boudin inférieur reparaît moins altérée, et c’est à ce parti que les architectes s’arrêtent au commencement du XVe siècle.

Les constructeurs avaient reconnu encore que la force de résistance des claveaux réside en contre-bas de l’extrados, c’est-à-dire en m (voy. le profil D). D’autre part, si nous nous enquérons du moyen de construire les triangles de remplissage des voûtes gothiques, nous voyons que ces triangles sont construits non point à l’aide de couchis et de formes, mais au moyen de courbes mobiles de bois (voy. Construction, fig. 57, 58, 59 et 60) ; que ces courbes de bois étaient calées sur l’extrados des arcs-doubleaux, des arcs ogives et des formerets, et qu’il était nécessaire dès lors, soit de pratiquer des entailles biaises sur l’arête des extrados de ces arcs, soit de laisser un petit intervalle entre ces extrados et les remplissages. Les architectes du XVe siècle prennent cette nécessité de construction comme prétexte pour modifier le profil des arcs à leur point de contact avec les remplissages des voûtes ; ils pratiquent l’évidement indiqué en o (voy. le profil D) pour recevoir l’about des courbes de bois) et cela contribue à donner encore une apparence de légèreté extrême à leurs arcs en les détachant des remplissages et en donnant plus d’importance aux membres latéraux nervés p.

Nous atteignons les dernières expressions de la méthode adoptée pour le tracé des profils d’arcs, pendant la première moitié du XVe siècle. Soit (fig. 26[1]) en A un arc-doubleau, composé de deux claveaux superposés. Le boudin inférieur a est tracé d’abord au moyen de deux cercles ; abc étant un triangle équilatéral, c’est-à-dire les lignes ab, ac, étant

  1. Du chœur de l’église d’Eu.