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nières lueurs de l’antiquité, si brillantes encore dans les catacombes de la Rome chrétienne. La figure 2, qui donne l’un des personnages peints sur les parois de la chapelle du Liget, suffit pour faire ressortir les rapports existant entre cet art du XIIe siècle et celui des époques primitives de la peinture byzantine. Les tons de ces peintures sont doux, le dessin large et ferme. Les couleurs sont : le jaune clair pour la chasuble, avec ornements bruns ; le vert pour le capuchon rabattu, le blanc pour la robe ; le brun rouge clair pour le manipule et le nimbe, ainsi que pour le fond. Le dessin est soutenu par un trait brun.

Pendant la période du moyen âge comprise entre le Xe siècle et la fin du XIIe, il y avait donc, dans l’art de la peinture plus encore que dans l’architecture en France, diversité d’écoles, tâtonnements ; ici une soumission entière aux maîtres byzantins, là tentatives d’émancipation, observation de la nature, étude du geste, recherche de l’effet dramatique. En Auvergne, par exemple, au XIIe siècle, il existait une puissante école de peinture, serrée dans son exécution, belle par son style, autant que des fragments, rares aujourd’hui, nous permettent de l’apprécier. Mais alors (à la fin du XIIe siècle), l’attention des populations au nord de la Loire semblait se concentrer sur les développements d’une architecture nouvelle. On abandonnait les sujets peints sur les murailles pour se livrer à l’exécution de la peinture translucide des vitraux. D’ailleurs l’architecture nouvellement inaugurée n’offrait plus aux artistes de ces grandes surfaces nues propres à la peinture. La peinture se bornait à la coloration de la sculpture et aux décorations obtenues par des combinaisons d’ornements. Mais dans les cartons de leurs vitraux, les peintres avaient l’occasion de développer largement leur talent, et l’art ne restait pas sta-