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aux champs, et composent ainsi un style qui est généralement adopté dans tout le nord de la France jusqu’aux premières années du XIIIe siècle.

Bientôt l’école de l’Île-de-France ne se contente plus de ces ornements empruntés à la flore printanière, elle développe les bourgeons de pierre ; mais en prenant la feuille, l’allure du végétal ayant atteint son développement, elle conserve à ses traductions la physionomie monumentale.

Ainsi, ce rinceau d’archivolte provenant de la porte de la Vierge, sur la façade occidentale de Notre-Dame de Paris (fig. 55), rappelle encore la composition du rinceau de Sens (fig. 52). Mais ici l’exécution est plus large, la disposition des masses plus claire, les détails moins recherchés ; de plus, la tradition romane est absolument abandonnée, la nature mieux observée et serrée de plus près. Ce n’est pas là une copie d’une plante. Ces feuilles, ces tiges et leurs attaches n’existent pas dans la flore, et cependant l’ornement a toute l’allure d’un végétal. Savoir donner à un objet composé toute l’apparence d’un individu végétal ou animal, réel, c’est de l’art, dans la véritable acception du mot. On peut faire la même observation à propos des bestiaires. Quoique les sculpteurs de la