Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 8.djvu/238

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[sculpture]
— 235 —

servent d’exemples, et ne tiennent point compte de l’échelle comme le savent faire les sculpteurs parisiens. Certains ornements sont d’une largeur et d’une simplicité exagérées, tandis que d’autres reproduisent déjà, avec une sorte de recherche, la souplesse et les détails de la plante.


Mais la sculpture bourguignonne (et l’abbaye de Vézelay est l’initiatrice des arts de l’architecture dans cette province) pêche, malgré sa valeur très-considérable, par incontinence. Ses œuvres ont, jusqu’au XIIe siècle, quelque chose de spontané qui ressemble à une éclosion au sein d’une terre vierge ; elles poussent avec une vigueur insoumise, qui, bien souvent, produit des exemples d’une beauté incomparable. Ainsi, à Vézelay, les chapiteaux des colonnes monolithes du sanctuaire (fig. 59) ont une largeur de style, une fermeté dans l’exécution, qui leur donnent une valeur exceptionnelle au milieu des autres sculptures. Ce serait pour le mieux si toute la décoration était ainsi traitée ; mais, à côté de ces masses si simples, si grassement galbées, se trouvent des chapiteaux dont la sculpture est traitée à une autre échelle (fig. 60)[1].

En tant qu’exécution, le caractère monumental est observé dans l’un et l’autre de ces exemples ; comme composition dans un même vaisseau,

  1. Chapiteaux du triforium.