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développées ; après quoi on soude les brindilles ensemble, suivant le dessin, pour en former les bouquets ; puis on soude ces bouquets ou groupes de feuilles aux tiges, puis on soude les tiges à la bande principale, puis on donne aux tiges la courbe voulue. Autant pour masquer que pour consolider les soudures, on rapporte à chaud, et l’on soude par conséquent, d’autres feuilles ou des embrasses, bagues, embases et ornements sur le plat de ces soudures premières.

Nous ne pourrions donner, dans cet ouvrage, l’ensemble des pentures de Notre-Dame de Paris ; d’ailleurs ces ensembles ont été publiés en entier dans la Statistique monumentale de Paris d’après de très-bons dessins de M. Bœswilwald, et en partie dans l’ouvrage de M. Gailhabaud. Ce n’est pas là ce qui importe pour nous, mais bien les détails de la fabrication. C’est donc sur ce point que nous insisterons.

Les bandes de ces pentures n’ont pas moins de 0m,16 à 0m,18 de largeur au collet, sur une épaisseur de 0m,02 environ, et elles sont composées, comme nous l’avons dit ci-dessus, de plusieurs bandes réunies et soudées de distance en distance au moyen d’embrasses qui ajoutent une grande force à l’ouvrage et qui recouvrent les soudures des branches recourbées. Pour faciliter l’intelligence du travail de forge, nous procéderons du simple au composé.


Le carton tracé, dont nous donnons (fig. 10) un fragment, un bouquet, terminaison d’un enroulement, le forgeron a commencé par forger séparément chacune des brindilles : celle A, par exemple, ainsi que l’indique le détail a, celle B, ainsi que l’indique le détail b ; celle C, ainsi que l’indique le détail c, etc. Il a eu soin de laisser à la queue de chacune de ces brindilles un talon de fer t qui a permis de chauffer au rouge blanc ces renforts et de les souder par le martelage. Il a donc obtenu à la base du bouquet, les brindilles étant soudées, une surface plate dont il a coupé les bords au burin, quand le fer était encore rouge. La queue de ce bouquet a été remise au feu, ainsi que l’extrémité D de la branche, puis le bouquet a été soudé à la branche. Pour masquer cette surface battue DG, une première brindille avec feuille E a été soudée, ainsi qu’on le voit en E′ ; puis par-dessus, l’embrasse H, portant les feuilles K, a été soudée à son tour. Cette embrasse, mise au feu, n’était qu’un talon de fer épais ; c’est au moyen d’une étampe que le forgeron lui a donné sa forme régulière et l’a soudée. Puis au burin il a nettoyé les bords et les bavures sur la branche. Il faut dire que ces dernières pièces avaient dû être chauffées au rouge blanc, tandis que le plat DG, destiné à les recevoir, n’était chauffé qu’au rouge. Le dessous offrait ainsi une consistance assez grande pour ne pas être déformé par le martelage sur la queue de la foliole E, et par les coups violents donnés sur l’embrasse par le marteau sur l’étampe.

Mais peut-être quelques-uns de nos lecteurs ne savent pas ce que nous entendons par étampe. C’est une matrice de fer trempé, un coin auquel on a donné en creux la forme de l’objet à étamper. Ainsi, toutes les fo-