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[serrurerie]
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même pour la branche E, et pour le bouquet F. Outre les clous, dont les trous sont marqués sur notre figure, une bride G maintenait le collet de la penture contre le montant du vantail. En H, est tracé le profil de la penture, et en I, le détail de la bride avec ses bouts fourchés propres à être rivés en dedans du montant.

À propos de cette bride, nous signalerons ici certaines pentures composées d’une simple bande, et qui ne sont pas clouées sur les vantaux, mais maintenues seulement au moyen de brides rivées. En L, est un exemple de ces sortes de pentures employées parfois lorsque les portes ne se composent que de frises clouées sur des traverses. En M, le profil de la penture L montre les brides enfoncées, et dont les bouts pointus doivent être rabattus sur la traverse P, de manière à la bien serrer. Alors ces brides O ont exactement, de p en s, la largeur de la traverse.

Ces modifications dans les procédés de fabrication de ces pièces de serrurerie fine devaient conduire peu à peu à l’emploi du fer battu rapporté après coup sur le corps principal de la penture. Cependant l’Allemagne nous précéda dans cette voie de l’emploi du fer battu et repoussé comme moyen décoratif de la serrurerie fine. Déjà, vers la fin du XIVe siècle, on voit dans des ouvrages de serrurerie allemande, notamment à Augsbourg, à Nuremberg, à Munich, des fers battus employés comme ornements, et que nous appellerions aujourd’hui de la tôle repoussée, tandis qu’en France, ce mode ne paraît guère adopté avant le commencement du XVe siècle pour des ouvrages de quelque importance.

La figure 17 expliquera l’emploi de ce procédé mixte[1]. La bande de la penture est une simple barre de fer plat de 0m,09 de largeur sur 0m,009 d’épaisseur au plus.

Sur cette bande a été rapporté un ornement de fer battu découpé et repoussé ; puis sur l’ornement, une baguette de fer forgé étampé en façon de torsade, avec œils renflés pour recevoir les clous, et tête d’animal à l’extrémité. L’ornement de tôle est, en outre, percé de trous pour recevoir des clous, soit passant à travers la bande, soit enfoncés directement dans les frises du vantail. En A, est présentée la section (au double) de la bande, avec le mouvement de l’ornement, la baguette de recouvrement et les têtes de clous. En B, le profil de l’extrémité de la penture, avec la tête d’animal terminant la baguette. Ce mode permettait d’obtenir une ornementation très-riche à peu de frais ; et sans avoir recours aux soudures. Cependant, parfois, ces fers battus, d’une épaisseur d’un millimètre environ, sont soudés sur une âme, à chaud, et sans interposition d’une matière plus fusible que le fer. Il faut dire que ces sortes de ferrures n’étaient guère posées directement sur le bois ; mais sur une toile, ou une peau, ou un feutre marouflé sur le vantail. D’ailleurs il en était de même pour la plupart des pentures, et l’on trouve encore les

  1. D’un fragment de pentures (commencement du XVe siècle) d’une maison à Gallardon.