Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 8.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
[serrurerie]
— 356 —

la facilité de se dilater, tout en conservant à l’ensemble une solidité égale, quelle que fût la température.

Les montants principaux des grilles se composaient donc généralement d’une âme avec deux jouées formant feuillures, dans lesquelles s’embrevaient les panneaux. Il fallait, dès lors, que ces montants fussent bien maintenus dans leur plan vertical dans les deux sens, au moyen d’arcs-boutants ou de contrefiches scellées. Ces accessoires nécessaires fournissaient, comme toujours, un motif de décoration.

Voici (fig. 49) un de ces motifs de montants, avec feuillures propres à recevoir des panneaux de grille et avec arcs-boutants. En A, est tracée la section du montant sur a b. L’âme c se compose de deux fers d’un pouce sur six lignes, laissant entre eux un intervalle de quatre lignes. Deux jouées d sont rivées à ces âmes. Le profil B fait voir que les jouées possèdent deux renforts e, formant larmiers et munis de talons en contre-bas, servant de butée aux deux arcs-boutants D. À partir du niveau g, ces arcs-boutants se divisent chacun en deux branches (voyez la face F en h), de sorte que ces deux arcs-boutants ont quatre scellements propres à empêcher le dévers du montant, soit dans le plan de la grille, soit perpendiculairement à ce plan. En k et l, les arcs-boutants et les jouées sont percés de trous barlongs dans lesquels passent les doubles clefs chevauchées (détaillées en G), percées elles-mêmes à leurs extrémités antérieures et postérieures pour recevoir les clavettes H, au moyen desquelles tout le système est fortement serré. Ces clavettes enfoncées, leur extrémité m est recourbée au marteau[1].

Les armatures de puits présentent encore d’assez nombreux exemples de belle serrurerie d’assemblages. Si la margelle du puits était adossée à un mur, la poulie était suspendue à une potence scellée dans ce mur. On peut voir encore une de ces potences à poulie attachée au mur d’une maison du XVe siècle sise en face de la cathédrale de Moulins (fig. 50, en A). Les fers formant équerre et quart de cercle ont 0m,034 + 0m,041 (15 lignes + 18 lignes). Ces fers sont chanfreinés au marteau sur leurs arêtes (voyez la section b faite sur c d), et ces chanfreins s’arrêtent au droit des assemblages. Les redents et l’ornement du sommet sont rivés sur les bandes principales. Pour rendre solidaires les trois redents du triangle, deux cercles g moisent leurs extrémités au moyen de rivets. Le redent supérieur h a son extrémité recourbée en boucle pour passer le rivet qui maintient les rosaces doubles de tôle l. À l’extrémité de la bande horizontale, est un renfort K, qui reçoit une tringlette verticale, sur l’extrémité coudée de laquelle est rivé un petit toit de tôle m

  1. Ces détails sont recueillis sur diverses pièces de grilles de la fin du XIVe siècle. L’arc-boutant et ses clefs ont été dessinés par nous, parmi des débris de grilles à Malines. Quant aux montants à feuillures pour recevoir des panneaux de grille, on en retrouve assez fréquemment en France, en Belgique et en Allemagne.