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observé ce mouvement de déformation par rotation dans des roses de l’Île-de-France plus délicates que celles de Notre-Dame de Reims ; voulant atteindre et même dépasser cette délicatesse dans la structure de la rose occidentale de Saint-Nicaise, il adopta un système qui devait éviter ces dangers. À l’aide des étrésillons en décharge de cette rose (fig. 10), il prévint le mouvement de rotation de l’œil. Ce fut là un progrès que l’on ne cessa de poursuivre dans la composition des roses des XIVe et XVe siècles. Celles-ci, combinées dès lors d’après ce principe, furent beaucoup moins sujettes à se déformer.

Le système de la rose champenoise, composée d’un cercle puissant, clavé, embrevant les compartiments intérieurs formés de pierre en délit, avait cet avantage de présenter une certaine élasticité et de permettre d’éviter les charges partielles sur ces compartiments. Mais aussi ces architectes champenois de la fin du XIIIe siècle étaient des constructeurs très-expérimentés et très-habiles ; et si, malheureusement, l’église de Saint-Nicaise de Reims n’est plus là pour le démontrer, nous possédons encore celle de Saint-Urbain de Troyes, qui est certainement la plus merveilleuse application du système de structure gothique.

Le XIVe siècle ne se montra pas aussi ingénieux dans toutes les provinces, mais cependant quelques maîtres tentaient de prévenir la rotation des rayons des roses.

À Amiens, par exemple, le pignon nord du transsept de la cathédrale était, vers 1325, percé d’une grande rose dont les compartiments, engendrés par un pentagone, ne tendent plus au centre du cercle, mais aux angles de ce pentagone formant œil : c’était un moyen d’éviter le pivotement des rayons ; mais cette rose n’est pas d’une heureuse compo-