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de l’hexagone. Du point K on a tiré une ligne perpendiculaire à l’axe jD ; sur cette ligne a été cherché en n le centre de l’arc de cercle il. Sur cette même ligne Em, à une égale distance de l’axe Dj, en o, a été posé le centre de l’arc mj ; sur cette même ligne, en p, a été cherché le centre de l’arc mq ; sur le prolongement de cette même ligne, en r, a été cherché le centre de l’arc mB. Ainsi ont été tracés les principales courbes du compartiment. Un triangle équilatéral divisé par l’axe Dj a donné les centres des lobes secondaires, comme d’autres triangles équilatéraux, dans le grand lobe supérieur, ont donné les centres des lobes secondaires de cette partie. Les côtés de ces triangles équilatéraux ont donné les positions des pointes des redents destinés à consolider le réseau. Notre figure fait assez comprendre la position de ces centres sur les côtés des triangles équilatéraux, pour qu’il ne soit pas nécessaire de fournir des explications plus détaillées. Le profil G donne la section des membres principaux et celle H des membres secondaires. Le tracé L, à une plus grande échelle, fait voir comment ces membres secondaires pénètrent dans les membres principaux. On observera que l’œil est renforcé extérieurement par un cercle et un redenté saillants qui lui donnent plus d’épaisseur, et par conséquent plus de résistance, toutes les charges aboutissant à ce cercle central. L’appareil indiqué sur notre figure fait voir comment les morceaux de pierre sont coupés en raison des pressions qu’ils ont à subir. Tous ces joints sont d’ailleurs coulés en plomb, comme dans toutes les roses de quelque importance, à dater du XIIIe siècle ; le plomb formant lui-même goujon : tandis que dans les roses à rayons des XIIIe et XIVe siècles, les constructeurs ont placé des goujons de fer dans les lits, ce qui fait parfois éclater les pierres, par suite de l’oxydation. La rose de la sainte Chapelle du palais a été taillée dans de la pierre dure de Vernon, et n’avait subi que des altérations partielles, par suite d’un écartement des deux tourelles formant contre-forts[1].

Il n’était pas possible de pousser plus loin la légèreté dans ces combinaisons de réseaux de pierre destinés à maintenir des vitraux. La science du tracé, la précision de l’exécution, le calcul des pressions et des résistances, avaient atteint leurs dernières limites, et les roses que l’on fit encore au commencement du XVIe siècle sont loin de remplir au même degré ces conditions.

C’est dans les provinces de l’Île-de-France et de la Champagne que les roses ont le plus d’étendue et sont combinées avec le plus de savoir et de goût. Cependant on ne saurait passer sous silence les belles roses de la cathédrale de Chartres, qui datent de la première moitié du XIIIe siècle, et qui sont si remarquables par leur style et leur exécution[2]. Celle de la façade occidentale, notamment, est un véritable chef-d’œuvre, qui avait

  1. Voyez la Monographie de la sainte Chapelle du palais, par V. Caillat, 1857.
  2. Voyez la Monographie de la cathédrale de Chartres, publiée par Lassus, sous les auspices du Ministère de l’instruction publique.