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La coupe faite sur ab (fig. 57) explique l’importance de cet étage, au point de vue de la défense. Sur l’aire A étaient accumulés les projectiles propres à être lancés par les mâchicoulis, pierres rondes, cailloux de toutes grosseurs, jusqu’à 40 centimètres de diamètre, puisque les trous des mâchicoulis ont 42 centimètres environ. Cet amas de projectiles pouvait, à la rigueur, atteindre le niveau du chemin de ronde B, en laissant un vide dans le milieu pour le service et pour le passage des hommes par la porte C.

Les servants des mâchicoulis se tenaient sur le chemin de ronde B, ainsi que les arbalétriers. Des manœuvres passaient les projectiles aux servants, suivant les ordres donnés par le capitaine de la tour, qui était posté sur le balcon D dont nous avons parlé plus haut. Par les créneaux nombreux donnant sur le balcon, le capitaine découvrait tous les dehors, et les gens postés dans la galerie, non plus que ceux préposés aux projectiles, n’avaient point à s’enquérir des mouvements de l’ennemi, mais seulement à exécuter les ordres qui leur étaient donnés. L’étage crénelé supérieur E était en outre garni d’arbalétriers chargés du tir dominant et éloigné. Suivant que l’assiégeant se portait vers un point, le capitaine faisait accumuler les projectiles sur ce point sans qu’il pût y avoir de confusion. Si l’assaillant abordait le pied du talus de la tour, par les trous des mâchicoulis les servants le voyaient et n’avaient qu’à laisser tomber des moellons pour l’écraser. Le tir par les créneaux découverts E ne pouvait être qu’éloigné, ou au plus suivant un angle de 60 degrés, à cause du défilement produit par la saillie de la galerie. Le tir par les créneaux du balcon D était ou parabolique, ou