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non du ton local rouge du verre, mais du rayonnement bleu du verre d’entourage. Cette ombre prendra dès lors un ton faux et sale, mélange de brun et de bleu, qui fera paraître le bleu creux, sans solidité, et le ton rouge criard. Si, au contraire (voy. en B), nous avons eu le soin de poser cette ombre sur le disque, non à plat, mais par hachures et en laissant un orle rouge pur tout autour, cet orle et les interstices laissés entre les hachures donneront à l’ombre une localité rouge, et le bleu conservera sa qualité. L’orle et les interstices des hachures prendront assez de valeur, à cause de l’opposition des traits noirs, pour lutter contre le rayonnement du ton bleu et laisser à l’ombre du disque sa localité rouge.

Voyons l’application de cette formule. Voici (fig. 5) un fragment de la belle verrière de la cathédrale de Chartres[1], qui représente un arbre de Jessé. Cette verrière date du milieu du Xe siècle[2]. Le fond est bleu, de ce bleu limpide, un peu nuancé de vert, qui appartient à la fabrication de cette époque, et qui rappelle la couleur de certains ciels d’automne, entre la bande orangée du soleil couchant et la pourpre voisine du zénith. La robe du roi est d’un ton vineux, pourpre chaud, le manteau vert d’émeraude, le pallium et la couronne sont jaune fumée, les chaussures et les parements des manches rouges. On voit que le modelé peint sur ces vêtements ne se compose que d’une succession de hachures laissant entre elles, et notamment près des bords percer le ton local ; de telle sorte que le rayonnement du verre bleu du fond est neutralisé par ces échappées des tons locaux des vêtements à travers les interstices des hachures. Ces observations, qui sembleraient contredire

  1. Façade occidentale. Ce dessin est au sixième de l’exécution.
  2. Voyez Cathédrale.